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Mémoires d'Edmond F. LEHOU, Juge de Paix à Patay: l'année 1939

Auteur : Poulot  Créé le : 02/11/2013 11:40
Modifié le : 02/11/2013 12:10

Avertissement:

Ce Journal-Mémoires du Juge de paix de Patay E. LEHOUX a été retrouvé fortuitement dans les archives de la famille DESCAUSES qui exploitait , à l'époque le Café du Commerce sur la place des Halles à Patay. Il commence le jour de la mobilisation générale le 2 septembre 1939 et se termine en août 1940 après la mort de l'auteur.

Ce document est un témoignage capital de cette époque trouble des années 1939 et1940.

Ci-après la première partie : l'année 1939

Ce jour 2 septembre 1939

Jour de la mobilisation générale à 12 heures

Monsieur MARLIN, Président du Comité des Fêtes de Patay accompagné de M.M. DOLBEAU et PARDESSUS, membres de ce Comité, ont voulu à la veille de leur départ pour la guerre verser entres le mains de Monsieur LEHOUX – Juge de Paix Honoraire à Patay, la totalité des bénéfices réalisés au cours des diverses fêtes données dans la localité qui d’ailleurs ont été couronnées d’un plein succès puisque la somme remise s’élève à la somme de 10 482.20 Frs.

Les donateurs ont exprimé le désir que cette somme soit spécialement affectée à secourir sous toutes les formes les misères qui ne manqueront pas de se révéler au sein des malheureuses familles évacuées d’office dans le pays en tenant compte que tous objets quelconques destinés à améliorer leur détresse soient achetés et fournis exclusivement par les commerçants de Patay.

Ce beau trait de générosité et de haute solidarité fait le plus grand honneur à ce jeune Comité qui à peine né, a su stimuler les énergies somnolentes du pays en les divertissant et provoquer de louables efforts pour que les saines distractions qu’il se proposait d’offrir n’aient d’autre aboutissement que de faire le bien.

Patay, le 2 septembre 1939

Signé E. LEHOUX

RENSEIGNEMENTS AU JOUR LE JOUR

 

SEPTEMBRE 1939

2 septembre :--Jour de la mobilisation :Départ des soldats dans le calme

3 et 4 septembre --Mêmes départs

Torpillage de l’ATHENIA paquebot anglais

Dans la nuit du 4 au 5--: avions allemands sur Paris sans dommages

5 et 6 septembre --Commencement des hostilités sur tous les fronts.

Il m’a été demandé par le Maire de «distraire» du dépôt une certaine somme pour l’affecter à l’envoi de colis aux mobilisés. Ma réponse a été que je ne pourrai y consentir qu’avec l’autorisation écrite du Président du Comité étant donné d’après la volonté de celui-ci, cette somme devait être exclusivement réservée à secourir sous toutes les formes les évacués d’office en résidence à Patay.

7 au 14 septembre --Rien de saillant à signaler

Si ce n’est toujours le courage indomptable des Polonais.

15 septembre-- Il semble que Patay n’est pas désigné pour recevoir des évacués d’office. S’il en est ainsi les secours de toute nature qui leur seraient affectés retourneraient aux soldats de Patay se trouvant sur le front auxquels il serait adressé des colis de lainages, victuailles, tabac, etc…

Cette question a été envisagée ce jour avec Monsieur PARDESSUS, membre du Comité des Fêtes qui déclare qu’on ne peut faire un meilleur usage des ressources dont je dispose et qu’il y a lieu de les employer de cette façon.

Dans ce but j’ai acheté un lot de laines près de M.M. SICOT et BREGENT d’un montant de 99,50 Frs destiné à la fabrication de chaussettes et «cache-nez» et qu’actuellement en cours de façon par des personnes charitables qui bénévolement se livrent à ces divers travaux.

16 septembre --Nos troupes sont sur le sol allemand à Sarrebruck sous le feu de nos canons.

17 septembre --Il y aura lieu de penser aussi aux soldats de Patay, qui, campés dans la plaine peuvent être assimilés à ceux du front.

Une petite attention de temps à autre leur permettrait de comprendre qu’ils ne sons pas oubliés.

18 septembre-- La trahison de la Russie et sa collusion avec l’Allemagne donne au conflit une physionomie nouvelle.

Le 18, il y a lieu de se préoccuper des difficultés que nous allons éprouver dans l’achat des laines et denrées nécessaires à la confection des colis que bientôt nous expédierons.

Dans ce tout et dès maintenant, nous allons procéder à l’acquisition de ces objets qui par la suite seront sûrement d’un prix plus élevé.

Mais le premier envoi ne peut être fait que lorsque les femmes des mobilisés seront en possession du titre leur donnant droit à la perception des allocations, car ce titre leur permettra d’obtenir la gratuité de l’envoi.

 

19 au 21 septembre --Rien à signaler

 

22 au 25 septembre --Toute la presse du monde entier exalte le courage de la Pologne et montre son indignation contre le traitement barbare employé par les Allemands.

 

25 septembre --Il fait déjà froid et la pensée de tous se dirige vers nos soldats qui vont bientôt souffrir des morsures de l’hiver. Pour y faire face, je frappe à bien des portes et cherche des tricoteuses bénévoles pour fabriquer cache-cols et chaussettes qui vont leur faire besoin. L’élan est admirable et bientôt nous serons en mesure d’organiser le 1er colis. A cet effet, achats de laines et serviettes, ces dernières devant servir d’enveloppes et en même temps de linge de toilette.

26 au 29 septembre-- Le travail marche, la bonne volonté et le courage de toutes nos ouvrières bénévoles est admirable.

Chacune veut faire quelque chose et bientôt il pourra être constitué les premiers colis qui iront vers ceux privés de moyens; seront heureux qu’on pense aux mille petites souffrances en privations endurées sur le front.

30 septembre --La Pologne martyre des crimes et lâchetés allemandes capitule sous le poids du nombre et des atrocités commises. Elle fait par son héroïsme et sa résistance sublime l’admiration des peuples civilisés.

OCTOBRE 1939

1er octobre-- Il m’est signalé que la Veuve LECONTE évacuée de Paris avec sa belle-mère et ses deux enfants se trouvent sans place et sans ressources et que l’aider serait un bienfait, d’autant plus qu’ils sont natifs de Patay et connus dans le pays. En prévision de l’hiver qui s’annonce rigoureux, j’ai fait délivrer à cette intéressante famille : 100 kg de boulets pour la somme de 39.40 Frs (voir facture jointe au dossier)

3 octobre --Il est question dans la presse d’une tentative de paix qu’oserait faire HITLER aux puissances occidentales. Il perdra son temps car ni la France, ni l’Angleterre ne veulent «s’abonicher» avec un homme qui n’a fi foi ni loi et qu’ils lutteront jusqu’à la disparition de cette bande de «forbans».

4 au 6 octobre --Les envois de colis se font au fur et à mesure de la rentrée des lainages, rentrée qui se trouve retardée par la pénurie des laines qu’on se procure assez difficilement et dont les prix d’achat augmentent sans cesse. Il faudra peut-être se rabattre sur la confection mécanique si nous voulons que nos soldats soient pourvus de ces objets au cours de l’hiver.

7 et 8 octobre--La tentative de paix faite par HITLER dans son discours de Berlin n’a fait aucune impression dans toute la presse qui le qualifie de fou ou prétend, non sans raison, qu’il joue sa dernière cartouche et ne sait plus où il va et quel sera son sort demain.

9 octobre --Les troupes anglaises en hommes et matériel ne cessent de débarquer en France et l’aviation jointe à la nôtre est admirable et accuse une supériorité incontestée sur celle allemande.

La Russie s’est taillée la part du lion dans le démantèlement de la Pologne et prend dès aujourd’hui des positions stratégiques qu’assurément l’Allemagne était loin de prévoir puisqu’elles auront pour but dans l’avenir d’organiser des bases navales dans la Baltique détruisant ainsi et pour toujours les projets d’HITLER.

10 au 25 octobre --Rien de saillant ne s’est produit pendant cette période, situation militaire sans grand changement. Du côté Allemand, grand embarras ne sachant de quel côté se retourner. On s’attend de sa part à une grande offensive, mais ou et de quel côté? HITLER entend gronder son peuple et peut être se verra-t-il obligé d’engager sa responsabilité vers un grand coup au risque de se prendre et avec lui la faillite «du nazisme».

Les raids aériens se multiplient sur l’Angleterre et les coulages de bateaux tant anglais que neutres se produisent sans répit. De ces crimes il en rendra compte et dans un avenir qui ne peut être éloigné.

La confection des colis se poursuit sans interruption.

A cette date du 25 octobre il en a été expédié 55.

Il faut signaler qu’une hausse assez sensible s’est fait sentir sur certaines variétés de comestibles depuis le début des envois. A cette époque le prix du colis variant entre 32 et 34 Frs, aujourd’hui le minimum n’est pas moindre de 38 Frs. Il a été décidé qu’il serait adressé un colis à tout mobilisé de Patay quelque soit sa position ce qui en augmente le nombre.

25 au 30 octobre-- Par suite de l’allure accélérée de la confection des lainages, il a pu être adressé de nombreux colis ces jours derniers. C’est ainsi qu’à l’heure actuelle 72 ont été rejoindre leur destinataire qui d’après beaucoup de leurs lettres témoignent la plus grande satisfaction et de leur reconnaissance.

Il y a lieu de croire qu’aucun d’eux n’a été oublié et qu’il pourrait se faire que sous quelques jours la distribution en fût close. Je suis heureux de dire qu’au cours de ces travaux si diligemment conduits par des personnes au grand cœur, le plus empressé concours nous a été donné. Tous et toutes ont rivalisé de zèle et de célérité dans l’accomplissement de la belle tâche qu’ils s’étaient imposée.

Que par le souci constant qu’ils avaient de faire bien et de procurer un peu de joue aux enfants de Patay qui oublient leurs peines et leurs souffrances pour le salut de la France.

De braves gens qui ne pouvaient apporter aucune aide matérielle dans la fabrication de nos lainages ont voulu néanmoins intervenir financièrement dans l’amélioration de notre œuvre.

C’est ainsi qu’un anonyme a versé 100 Frs et qu’un autre de condition modeste m’a remis 20 Frs, ce qui porte aujourd’hui notre caisse à: 10.602,20 Frs.

Nos dépenses à ce jour se sont élevées à : 2.708,15 Frs.

Donc le 29 octobre 1939, il restait en caisse : 7.894,05 Frs.

Depuis le 2 octobre 1939 à ce jour 31 octobre 1939 il a été expédié 73 colis dont chacun représentait une valeur de 37Frs et qui ont été reçus en parfait état par nos chefs soldats ainsi que le constatent de nombreuses lettres jointes au dossier de la comptabilité et que toutes témoignent de la plus parfaite reconnaissance pour ce geste qui les a profondément touché.

Jusqu’ici il était entendu qu’il ne serait envoyé de colis qu’aux militaires mariés et dont les femmes recevaient l’allocation militaire mais nous avons compris que cette mesure était trop restrictive et qu’il y avait lieu d’étendre cette libéralité aux jeunes soldats de l’active qui auraient dû sans cette funeste guerre rentrer dans leurs foyers en octobre et qui sont aujourd’hui sur le front.

Il faudra donc connaître les noms de ces jeunes gens et sans retard, et aussitôt que les renseignements seront parvenus se remettre à la besogne et parfaire la tâche commencée; d’ailleurs l’état de notre caisse nous permet de faire face à ces nouvelles dépenses, quoique cependant il faille entrevoir la marche des événements en leur durée pour qu’il nous soit permis de renouveler semblable envoi en 1940; et puis enfin, il s’agit d’être prévoyant et si nous avions le bonheur que la victoire vint rapidement récompenser l’admirable courage et le sublime héroïsme de ces chers enfants de France, il pourrait alors se faire, que notre gestion basée sur le seul esprit de faire plaisir et de démontrer aux mobilisés de Patay qu’on a pensé à eux et qu’on ne les oublie pas, à néanmoins un solde créditeur en caisse, dont la remise serait aussitôt versée entre les mains du Comité des Fêtes qui saurait en faire l’usage qu’on prévoit déjà et dont le but serait la continuation de l’œuvre dont l’aboutissement est de faire le bien, tout en donnant un regain de joie et de prospérité au pays.

 

Novembre 1939

 

1er au 4 novembre-- La situation militaire demeure la même et aucune action d’envergure ne s’est produite jusqu’ici. Sans doute des coups de main et embuscades n’ont pas manqué, mais le caractère définitif adopté par le haut commandement ne prendra une autre tournure que lorsque «les boches» tenteront l’opération offensive qu’Hitler envisage, mais qu’il redoute parce qu’un échec serait la fin de son règne et le commencement peut être de graves événements en Allemagne. Que cette hypothèse se réalise donc et la fin de nos angoisses serait proche.

L’événement du jour est le vote de la chambre des représentants américains, dans le vote de l’embargo sur les armes. Cette mesure espérée et attendue est d’une portée considérable dans la marche des événements car elle permet aux alliés de se procurer tout ce qui est indispensable pour assurer la victoire.

6 novembre-- Grande victoire des ailes Françaises qui au cours d’une bataille aérienne ont rencontré une escadrille allemande composée de 27 avions de chasse.Nos valeureux pilotes au nombre de 9 seulement ont attaqué et poursuivi les ennemis et en ont abattu 9, c'est-à-dire chacun le sien. Pas une perte de notre côté. Ce beau fait d’armes vivement ressenti dans toute la population et aussi à l’étranger démontre la supériorité technique de notre matériel et la haute valeur de notre belle armée de l’air.

 

6 au 15 novembre --A part le laconisme des communiqués rien de bien important n’est à signaler, toujours des coups de main et patrouilles mais la grande offensive qui se dessinait ces jours-ci et qui devait se produire sur le front de Hollande et de Belgique est parait-il inopérante pour le moment. Sans doute HITLER s’aperçoit-il que le risque serait trop grand et qu’une défaite de ce côté serait peut-être la ruine et la fin de sa popularité et de son parti. Il sait aussi que le peuple allemand commence à se « déciler » les yeux et qu’il trouve que ce n’est plus une guerre, mais qu’on le lance dans une aventure n’ayant d’autre but que d’accroître le prestige et l’ambition personnelle d’un homme qui sera fatal pour l’Allemagne.

J’ai dit dans une précédente remarque que des colis seraient adressés aussi bien aux soldats de la réserve qu’à ceux de l’active de façon à ce qu’aucune critique ne puisse se faire jour sur la manière dont cette distribution serait faite où sera faite.Il y a été procédé aussitôt et je veux croire qu’aucun oubli ne s’est révélé, d’ailleurs s’il s’en était produit il serait réparé immédiatement.

A la date du 15 novembre-- : 79 colis sont expédiés et les dépenses auxquelles ils ont donné lieu s’élèvent à la somme de 2.798 Frs en chiffres ronds.

Il n’est question pendant cette période d’une affaire en masse par les boches sur la Hollande et la Belgique où des forces massives se concentrent sans arrêt. Ces peuples valeureux et amis qui tiennent garder leur neutralité doutent de la bonne foi d’HITLER, d’ailleurs à la même minute les avions ennemis sillonnent le ciel de ces malheureux pays. Cette date du 11 novembre rend les heures très graves, car on se demande si ce n’est pas le jour fixé par le maître du Reich pour frapper le grand coup qu’il médite et qui coïnciderait avec la date de l’Armistice de 1918 date de la défaite de l’Allemagne. Que ce soit ce jour ou un autre nos armées sont prêtes et avec le haut moral des troupes et le patriotisme réfléchi qui les animent l’issue des batailles couvrira de gloire nos vaillants défenseurs.

Aujourd’hui partent les derniers colis au nombre de 78. Il est présumable qu’aucun oubli ne s’est produit et qu’on peut considérer comme terminée la période des envois.

Si les circonstances le permettent, nous continuerions notre œuvre bienfaisante au cours de l’année 1940 mais peut-être avec certaines modifications. C’est ainsi qu’au lieu d’envoyer des colis assortis à nos chers soldats, il serait bon de faire une discrimination entre ceux dont les familles sont aisées et pourvoient à tous leurs besoins et ceux qui ne reçoivent que rarement ou point du tout cet argent de poche si nécessaire au soldat qui en est privé.

11 au 17 novembre-- Un temps pluvieux ne cesse de se manifester depuis de longues semaines, rendant la situation des hommes pénible et pleine de difficultés de toutes sortes, aussi existe-t-il dans toute la France des œuvres multiples dans le but d’atténuer dans la plus large mesure la cruauté des intempéries. De partout la pensée de tous va vers eux et chaque jour s’accroit cet esprit de bienfaisante solidarité qui les aide à supporter cette existence parfois douloureuse que la volonté « d’un bandit » a seule déchainé. Les armées demeurent donc stagnantes car aucune opération de large envergure ne pourrait se réaliser dans les terrains détrempés et boueux formant un obstacle certain à toute entreprise mettant en présence des forces importantes permettant de livrer bataille sans risquer la lutte des éléments.

17 au 27 novembre-- Même temps pendant cette période. Pluies, vents empêchant toutes opérations militaires. C’est au cours d’une température si inclémente que les pensées de l’arrière vont vers ces chers enfants dont le moral ne faillit pas, assurés qu’ils sont, que la victoire couronnera leurs souffrances. La grande offensive qui parait-il devait se déclencher par les « boches » le 11 novembre dernier est toujours différée et l’on en attribue la raison au manque de confiance du haut commandement allemand qui redoute l’échec complet de cette entreprise. Mais en échange, il redouble de sauvagerie en semant des mines dérivantes ou magnétiques sur le passage des bateaux neutres ou anglais causant chaque jour des pertes matérielles et la vie de beaucoup de passagers au nombre desquels se trouvent femmes et enfants. L’indignation est grande et le monde entier stigmatise de tels actes qui sont l’œuvre de bandits cruels sans égard pour le droit des gens et aux principes de la plus élémentaire humanité. Ces atrocités ne font qu’accroitre la fermeté des alliés dans leur but de guerre et de paix c'est-à-dire jusqu’à l’anéantissement de l’hitlérisme qui doit délivrer le monde des périls qu’engendrent fatalement des régimes où toute liberté est exclue.

27 novembre au 1er décembre-- Comme un coup de foudre, le canon tonne sur la Finlande. Ce petit peuple voulant conserver sa neutralité et son indépendance vient d’être la proie de l’ogre russe qui sans déclaration de guerre le bombarde et détruit ces villes, tuant femmes et enfants et par ces moyens barbares arrive à ses fins de vouloir être entièrement maître de la Baltique et y établir des bases navales que le gouvernement d’IZEMSKI va se trouver dans l’obligation de lui abandonner et cela plus facilement encore du fait que la Finlande semble être aujourd’hui entre les mains des amis de STALINE qui propagent les beautés du «bolchevisme» et préparent ainsi l’annexion de ce pays à la Russie.

Que se passera-t-il à l’égard des pays nordiques ?

A l’heure actuelle il est difficile de formuler une impression. La situation diplomatique ne permet guère d’entrevoir qu’elle sera l’issue pacifique ou guerrière qui sera appliquée.

Décembre 1939

 

1er au 10 décembre --Au cours d’une permission de détente de Monsieur MARLIN nous avons examiné ensemble le compte du Comité des Fêtes d’où il résulte que du 1er septembre au 15 novembre 1939 il a été dépensé pour l’œuvre des colis aux mobilisés de Patay et pour soulager diverses infortunés la somme de 2 796,85 Frs.

 

En caisse : le 1er septembre 1939 : 10 482,20 Frs

Don anonyme : 100,00 Frs

Don anonyme : 20,00 Frs

___________

 

TOTAL 10 602,20 Frs

Dépenses : 2 796,85 Frs

___________

Reste en caisse au 1er décembre 7 805.35 Frs

 

La campagne 1939 doit être considérée comme terminée et la reprise des envois de colis n’aura probablement lieu qu’au cours de l’année 1940.

Cela ne veut pas dire que dans l’intervalle il ne faudra pas penser à de pauvres enfants de Patay et à quelques orphelins qui se battent là-bas et pour lesquels l’argent de poche est inconnu. Il faut que de temps à autre suppléer à cette misère par l’envoi de petits mandats poste qui rendra moins cruel leur sort et leur permettra de faire figure à côté de leurs camarades plus fortunés. C’est ainsi qu’à l’occasion des fêtes de noël je me propose d’adresser à certaines d’entre eux dont je connais la pénible situation un mandat carte de 20,00 Frs qui sans nul doute sera chaleureusement accueilli.

Cette nouvelle dépense ne grèvera que faiblement notre reliquat de caisse de sorte qu’une somme que j’évalue à 7.000,00 Frs resterait improductive jusqu’à la campagne de 1940.

Il ne serait ni sage, ni de bonne administration de laisser ces fonds dormir sans chercher à les faire fructifier, surtout qu’en ce moment la France fait appel à tous les épargnants pour les engager à prendre des « bons d’armement » soit à 6 mois, soit à 1 an, dont le but est de faire face aux frais immenses qu’entraîne une semblable guerre.

D’accord avec Monsieur MARLIN je me propose d’acheter 7 bons de 1.000 Frs, soit 7.000 Frs à 6 mois d’échéance.

Cette somme de 7.000 Frs produira un intérêt de 12,50 Frs par titre de 1.000 Frs, soit 12,50 x 7 = 87,50 Frs pour 6 mois. Il vaut donc mieux employer ces fonds à un aussi patriotique usage plutôt que de les laisser inactifs et sans aucun produit.

 

5 décembre-- Dans ce but, je me suis rendu ce jour à Orléans et acheté au Comptoir National d’Escompte: 7 bons d’armement à 6 mois que me seront délivrés le mardi 12 courant par la même banque et à Patay.

 

12 décembre-- Cette opération a été réalisée ce jour et j’ai versé au Comptoir National d’Escompte la somme de 7.000 Frs pour 7 bons d’armement à 6 mois dont l’intérêt payé d’avance a produit 87,50 Frs. Ces bons m’ont été remis le 19 courant et forment aujourd’hui le principal avoir de la Caisse.

 

20 décembre-- A la veille des fêtes de noël il faut songer aux déshérités et aux orphelins qui combattent et dont personne ne vient en aide. C’est ainsi que Joseph ALBERT et Albert CHARTIER tous deux orphelins seraient privés de toutes attentions à l’occasion de ces fêtes si le Comité ne venait leur apporter un peu de joie en leur adressant à chacun un mandate de 20 Frs. Il en a été de même pour Pierre HARDY dont la famille ne peut lui envoyer ni colis ni argent et qui va être heureux de recevoir, lui aussi, cette petite somme de 20 Frs qui lui permettra d’être au nombre de ceux que les familles n’oublient pas.

Il y a aussi nos braves mobilisés qui font le guet «à la Détourbe». Bien que n’étant pas sur le front ils vivent la vie de soldat dans leur «cagna» et il semble juste que nous pensions un peu à eux.

Dans ce but et pour les fêtes de noël je compte qu’un petit régal serait bien accueilli et je vais charger Monsieur POUGIS de leur préparer des galettes pour 12 arrosées de 2 litres d’excellent vin blanc. Cette attention sera sûrement très prisée d’eux tous.

25 DECEMBRE : NOËL

Pour cette fête la pensée commune vole vers nos soldats et par tous les moyens chacun cherche à adoucir la pénible existence qu’ils mènent sur le front.

C’est ainsi que les enfants de l’école publique ont versé entre les mains de Monsieur LEHOUX la somme de 100 frs destinée à l’envoi de colis nouveaux aux mobilisés qui en ont le plus besoin. Également le don de 5 Frs d’un modeste anonyme.

C’est avec un sentiment de profonde tristesse que la population de Patay a appris la mort de Marcel LALUQUE victime d’un accident de travail dans l’exercice de sa profession. Grièvement blessé et transporté à l’Hôpital de Saint Mihiel dans la Meuse, il y mourut le 20 décembre. Ce premier décès survenu à un enfant de Patay a causé une profonde émotion dans le pays surtout que ce brave garçon et sa famille jouissent de l’estime générale.

 

ETAT DE CAISSE AU 31 DECEMBRE 1939

Du Comité des Fêtes 10 482,20 Frs

Don anonyme 100,00 Frs

Don anonyme 20,00 Frs

De l’école publique 100,00 Frs

Don anonyme 5,00 Frs

___________

 

TOTAL 10 707,20 Frs

Dépenses 2 896,60 Frs

___________

Reste en caisse 7 810.60 Frs

Représente: 7 bons d’armement – intérêts 87,50 Frs

___________

et le reste en billets et monnaie 7 898.10 Frs

 

Reste en caisse la somme de 7 898,10 Frs

 

 

PATAY, le 31 décembre 1939