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Une Histoire de Patay 'Abbé BORDAS

Auteur :  Créé le : 29/07/2018 11:19

L'Abbé BORDAS a écrit plusieurs histoires concernant le Dunois. Nous reproduisons ci-dessous un extrait de son "Histoire du Baillage du Dunois" ayant trait au bourg de Patay

PATAY, Patayum, Pateyum, Patavium, Pateium, Pateicum, ancien bourg auquel on a donné le titre de ville, est en première instance du bailliage de Dunois, au siège de Châteaudun, dont il est éloigné de quatorze mille toises à l’est. Ce lieu est renommé par la défaite des Anglais qui eut lieu en 1429, et qui fut le signal de leur décadence en France.

 

L’église de Patay a été brûlée deux fois dans les guerres intestines, sans qu’on en ait conservé les dates. Sa tour carrée, surmontée d’une aiguille en ardoise, fait apercevoir cette petite ville d’assez loin. Elle a été desservie par des religieux de Bonneval, qui y ont formé un prieuré simple. Le prieur de la celle de Patay fit un accord, l’an 1171, entre les religieux de Bonneval et les chanoines de Sainte-Croix d’Orléans, par lequel il fut dit qu’ils jouiraient en commun des terres de Villavalderem et de Gaubert, paroisse de Guillonville et autres, ce qui fut signé par Gaultier, archidiacre de Dunois.

 

Le couvent des filles hospitalières de Notre-Dame fut fondé en 1629, sous l’autorité de Léonor d’Etampes, évêque diocésain. La petite chapelle des religieuses est entre leur chœur et une salle garnie de six lits, où elles sont tenues de gouverner les malades de leur sexe.

Les hommes ne sont admis dans cette salle que le temps de se faire saigner et de recevoir les remèdes que les dames jugent à propos de leur administrer charitablement. Ces religieuses sont astreintes à la clôture ; mais comme leur institut les appelle à cette salle, et que les étrangers de tout sexe y sont admis, on en fait le parloir le plus ordinaire. J’ai parlé de l’institutrice de ces religieuses, Françoise Hauguyn, dans le corps de l’histoire ; la maison où elle est née a fait le commencement de ce monastère en hôpital.

 

Patay n’a, comme Cloyes, qu’un prévôt de police sous le bailli de Dunois.

 

Les marchés s’y tiennent les mardi et vendredi de chaque semaine ; ils sont assez considérables pour les grains. Le muid de Patay fait treize setiers et mine, mesure de Châteaudun. Ce n’est pas le comte de Dunois qui perçoit les droits de mesurage et des halles le jour de Saint-Jacques, 25 juillet, ni le jour de Saint-André, que se tiennent les foires de Patay, mais le seigneur de La Ferté-Villeneuil, par un ancien privilège accordé par les comtes.

 

Il y a dans cette petite ville un fief et une censive du même nom de Patay, qui a été possédé bien des siècles par une ancienne maison du pays qui portait le nom de Patay, et qui a contribué dans les temps au peu d’illustration que l’on a accordé à cet endroit. Elle a donné un évêque à l’église de Chartres dans le quatorzième siècle, c’était Jean de Patay.

 

Gunhère ou Goherius, fils de Hugues de Patay, fit profession à l’abbaye de Saint-Pierre de Chartres, l’an 1103, et lui donna un cens de six sols six deniers-obole dans la ville d’Orléans, paroisse de Saint-Michel, proche la porte de Paris, ce qui montre combien la ville d’Orléans était peu étendue à cette époque. La maison de Patay a subsisté jusque dans ce siècle ; elle est maintenant confondue par les femmes avec celle d’Alès de Corbet et de Bonaventure de Musset, qui ont vendu le fief de Patay au marquis de Rochechouart, seigneur de Montpipeau. Il est encore du domaine dudit château de Montpipeau.

 

Patay vient d’être entièrement démantelé en 1755, du consentement de M. le comte de Dunois, duc de Chevreuse et de Montfort, pour en faire servir les pierres à rétablir les rue de cet endroit, si défoncées qu’elles étaient devenues impraticables. Le fossé n’était pas profond. Les murs, tourelles et les trois portes ne me paraissent pas d’une grande antiquité, car on n’y voit point de réparations, quoique les pierres ne fussent liées qu’avec du mortier de terre blanche.

 

L’an 1325, Charles de Valois, comte de Chartres, d’Anjou et d’Alençon, fils du roi Philippe-le-Hardi, mourut de paralysie à Patay, au mois de décembre. Son corps fut transporté le 16 à Nogent-le-Roi, et de là, selon Moréry, aux Jacobins de Paris.

 

Renaud Touchet, marchand à Patay, était le trisaïeul de Marie Touchet, maîtresse de Charles IX, ensuite femme de François de Balzac-d’Entragues, et mère de la marquise de Verneuil, maîtresse de Henri IV. Renaud eut un fils nommé Jean, qui fut reçu avocat à Orléans. Celui-ci y eut Pierre Touchet-Bourgeois, qui fut père de Jean Touchet, seigneur de Beauvais, lieutenant particulier de la même ville d’Orléans et père de Marie.

 

La croix cassée qui est dans la haie, au-delà du faubourg dit Blavetin, et à gauche, en allant à Lignerolles, est indiquée comme une borne entre l’Orléanais et le Dunois, par l’aveu de 1587, fait à Blois. Le Dunois s’étend de là à Chatteville, hameau de deux maisons, l’une de la paroisse de Rouvray-Sainte-Croix, et l’autre de Terminiers. La première est de l’Orléanais, et la seconde est du Dunois et vient d’être brûlée par accident. De là les limites se prolongent jusqu’à Frécul, autre hameau de la paroisse de Terminiers, et indiqué comme borne du Dunois par le même aveu, qui ajoute qu’ensuite ledit comté de Dunois s’étend une lieue dans l’enclave du bailliage d’Orléans, ce qui doit s’entendre de Loigny, archidiaconé de Dunois, laissant à droite Terminiers, qui est de l’Orléanais.

 

 

Un parti des mécontents, sous la minorité de Louis XIV, tint garnison assez longtemps dans Patay, où l’on tient d’un vieillard, qu’ils mettaient tout le canton à contribution, et que ceux de Loupille, paroisse de Péronville, ayant refusé de satisfaire à leur taxe, le chef de la garnison fit faire un publicat et annoncer au prône, par le curé de Patay : « que les meubles des habitants de Loupille seraient vendus à l’encan, faute par eux d’avoir satisfait à la contribution ordonnée par le commandant. » C’était faire le pillage d’une manière assez civile.