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Journal d'un poilu de Vilamblain à son fils: 3ème partie (année 17)

Auteur :  Créé le : 11/04/2021 19:35
Modifié le : 11/04/2021 19:37
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Gilbert CHAVIGNY ( 1881-1967 ) grand-père de notre ami Gilbert CHAVIGNY historien local des communes de La Chapelle Onzerain et de Vilamblain, a entretenu une correspondance avec un ami de sa classe à Vilamblain, G CHATEIGNIER, en lui demandant de la transmettre à son fils René né deux mois après son appel sous les drapeaux

Ci-dessous la troisième partie :l'année 1917

La grande guerre 1914-1918 Gilbert Chavigny (23.03.1881-12.07.1967)

 

 

.26 février 1917,

Aujourd’hui nous avons repos pour la journée seulement et ce n’est pas trop tôt, depuis le 4 décembre que nous n’en avons pas eu. Nous avons revue de toute sorte et c’est en attendant la revue d’armes que je t’écris cette lettre. Je suis toujours au même endroit, il y a plus mauvais mais il y a beaucoup mieux. Hier matin nous avons eu des gaz mais ils n’étaient pas très forts, le vent les entrainaient sur notre gauche, le soir il y a eu une attaque où les gaz étaient lancés, le matin je pense que ce doit être les boches qui ont attaqué, mais nous n’en connaissons pas encore le résultat.

On se prépare toujours pour la grande offensive, toutes les nuits il arrivent des canons et des obus, il parait même qu’il y a des autos blindées comme les anglais en ont et s’en sont déjà servis, c’est cette fois-ci qu’on compte faire la percée et repousser les boches, je crois que nous aurons encore bien de la peine à réussir car ils ont tellement de canons et de mitraille à nous envoyer, qu’ils nous arrêterons encore comme l’année dernière.

9 mars 1917,

Enfin !!! nous sommes à l’arrière, pour combien de temps, on n’en sait rien, cela dépendra des événements, si les boches venaient à faire une forte attaque, les autos n’en n’ont pas pour longtemps à nous y transporter pendant les mauvaises choses qui pourraient arriver, nous sommes toujours moins mal qu’aux tranchées.

Comme cantonnement de repos nous sommes dans un grenier sous la tuile, on peut tenir 40 hommes, mais on nous fourre 80, c’est peut-être pour que nous nous réchauffions mieux. Comme on va bien se reposer !!.

Notre colonel lui est dans un château, il doit avoir plus d’aisance que nous et une meilleure couchette, cela ne l’empêchera pas de nous maltraiter et de nous envoyer à l’exercice du matin au soir, enfin cette canaillerie là ne nous tiendra pas toujours ainsi, la galère que supportons maintenant finira bien un jour. A notre autre cantonnement nous étions dans une ferme et il y avait la batteuse et c’était les boches qui y travaillaient, il y a un interprète de chez nous qui a causé avec eux, ils disaient que la guerre durerait encore longtemps et que jamais nous n’irions jusqu’au Rhin, ils ne sont pas contents contre l’Amérique, j’ai vu par contre des rapatriés qui causaient autrement, il paraitrait que les boches préparent une ligne de retraite de coté de St Quentin.

21 mars 1917,

Ta lettre est venue me trouver à Rollot où nous sommes au repos, on doit en repartir demain pour aller je crois plus à l’arrière où l’on doit mettre les noirs avec nous. Nous avons été 5 jours à la poursuite des boches, de Geuvaignes où nous sommes partis, on a été jusqu’au-delà de St Simon , une quarantaine de kilomètres en ligne directe, mais pour faire ces quarante kilomètres nous en avons bien fait cent, jusqu’à Ham les pays ne sont qu’à moitié détruits, mais après avoir passé ce pays, on ne trouve plus que des ruines, des pays incendiés, un soir nous en regardions 12 flamber ensembles, tous les carrefours des routes et les ponts sont sautés par des mines.

Dans Ham il y a des trous qui ont jusqu’à 10 à 15 mètres de profondeur et 125 à 130 mètres de diamètre, quelle charge de poudre ils ont du mettre, les arbres à fruits sont tous couchés, ceux qui n’ont pas eu le temps de se coucher, sont pelurés ce qui les feront mourir, on voit entre autre quelques jardins qui ont été épargnés et d’après les gens, ces jardins épargnés appartenaient à des dames qui faisaient la noce avec des officiers boches, toutes les jeunes femmes que les boches ont, ont un ou deux petits boches dans les bras et il y en a comme cela des milliers, les femmes mariées sont assez tristes avec leurs petits boches et voudraient bien trouver leur maris dans un cimetière. Comment va-t-il trouver cela ? la femme lui dira que ce n’était pas son bon vouloir, mais d’après le dire des gens de bonne conduite, les boches n’attaquaient pas les femmes ainsi, même une qui aurait été attaquée par un soldat, elle pouvait se plaindre à un officier et l’homme était sérieusement puni, celles qui se sont mal conduites et qui l’ont tout à fait bien voulu, elles sont inexcusables, impardonnables, je cois que nous ne verrons pas que du beau après la guerre, ce sera encore la guerre dans beaucoup de ménages !

Les boches doivent être bien privés de nourriture maintenant, ils ne mangeaient de la viande que quand ils allaient aux tranchées, il parait qu’ils ne voulaient plus aller aux tranchées de la Somme cela se comprend, les anglais leurs envoient tellement de mitraille.

Quand ils partaient sur ce point, les hommes et les officiers pleuraient quand ils rentraient dans les tranchées, ils disaient voir beaucoup de morts, je me demande ce qu’ils faisaient de leurs morts, mais je n’ai point vu de cimetière chez eux comme il en existe derrière nos lignes, peut-être ils les font brûler ou ils les transportent chez eux, dans notre avance que nous avons faite, on a presque pas fait de prisonniers, que 1 ou 2 par ci par là, un jour nous en avons pris un, il a été conduit au général pour être questionné, après l’interrogatoire, il y a eu 2 cavaliers qui l’emmenaient à l’arrière et en passant dans le pays, il y a des femmes qui se sont lancées après eux avec des fourches et des bâtons, c’était curieux, elles se seraient toutes rassemblées si un artilleur qui se trouvait là, se mêlait de la partie et lui tranchait la tête d’un coup de sabre, c’est regrettable, moi j’aurais laissé faire cette besogne aux bonnes femmes.

9 juillet 1917,

Depuis que je suis rentré il fait un temps de chien, tous les jours de l’eau, les tranchées sont dans un triste état, il y a un jour qu’il en était tellement tombé que les boches ont été obligés de se sauver de leurs tranchées, tout était inondé, les nôtres sont un peu plus sur une hauteur, l’eau reste moins.

Hier soir j’ai vu le garçon à Paul Gasnier qui partait en permission, quoique nous sommes dans un secteur très tranquille, il a eu un petit aperçu de ce que c’était !, les boches étaient venus à une vingtaine, attaquer un petit poste de son bataillon en plein jour, ils ne sont pas froussards, le petit poste a dû se replier, sauf un poilu qui est resté et qui à lui seul à coups de grenades, a fait beaucoup de travail, car on a trouvé sur le soir, deux boches tués et 5 ou 6 blessés, ce poilu est proposé pour la Croix de Guerre, une récompense en argent, 50 francs, je crois et le meilleur, une permission…

Voilà le 14 juillet qui approche, que va-t-on nous donner, l’année dernière il nous était promis beaucoup, si bien que nous avons eu moins que les autres jours, au lieu de 2 quarts de vin nous n’en avons eu qu’un…

De notre régiment, il est parti une section à Paris avec le drapeau pour le défilé, cela est assez intéressant pour ceux qui regardent et qui ne sont point à la guerre, enfin il faut amuser l’arrière pour qu’ils tiennent bon !!!!

 

Mon cher René, tu liras ceci, ça te fera penser aux souffrances qu’a enduré ton père pendant quatre longues années.

G. Chateignier .

destinataire des courriers de Gilbert CHAVIGNY