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Le FAREAU, L,OR ROUGE de la BEAUCE

Auteur : Poulot  Créé le : 12/05/2013 21:14
Modifié le : 18/11/2021 10:42
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LE FAREAU

 

 

L’OR ROUGE DE LA BEAUCE

 

Son Histoire et sa Production

 

1925 - 1950

 

Témoignage de Guy DESCAUSES et

l'expertise agronomique de feu André PICHOT

 

Avertissement :

dans cet article,

notre témoin apporte un

premier

témoignage sur la production

du trèfle incarnat, en Beauce

dite pouilleuse.

Il nous éclaire sur

ce que représentait

cette plante dans un passé

assez récent.

Son témoignage

sur le marché au fareau

de Patay sera tout

aussi intéressant

 

En guise d'introduction

 

L’on ne peut que se louer de voir se développer tous les attraits touristiques et mis en valeur le Patrimoine de notre BEAUCE au travers des principaux acteurs œuvrant au côté de la MAISON de la BEAUCE , du COMPA à CHARTRES et de nombreuses associations œuvrant pour ne pas oublier, parmi lesquelles « Racines du pays Loire-Beauce » est une des plus actives.

Lorsqu’on évoque la BEAUCE, c’est avant tout l’immensité de cette plaine que Charles. PEGUY - N. PARFAIT savaient si bien exprimer dans leurs textes et que nos Artistes Peintres locaux, Louis Joseph. SOULAS, Jeanne CHAMPILLOU et, bien sûr, Jean FEUGEREUX, chacun dans son style, surent mettre en valeur toute la richesse des paysages, leur voûte céleste dont les couleurs se déclinent à souhait à notre regard.

Cette magnifique plaine que l’on n’hésitait pas à nommer le Grenier de la France, ses immenses et riches étendues de céréales avaient , de par leur notoriété, fait oublier sa partie plus ingrate au sud du département, bordant les deux Vallées de la Conie, celle de Viabon

et celle de Patay

que l’on n’hésitait pas, à l’époque, à nommer "beauce pouilleuse". Dénomination d’une frontière, certes imaginaire, mais qui reste encore à ce jour marquée dans les esprits de ceux qui exploitèrent ces "petites terres" que certains nommaient "guérouettes" et qui devront attendre les années 1970, avec l’arrivée de l’irrigation pour rivaliser avec leurs collègues de la Grande Beauce dans la production de céréales et, plus particulièrement, dans la culture du maïs.

De mes profondes racines beauceronnes, mes recherches généalogiques m’ont permis de retrouver que la famille DESCAUSES était ancrée depuis trois siècles à lumeau en Eure et Loir, canton d’Orgères en Beauce. De 1704 à 1970, "les DESCAUSES" exercèrent la profession de maréchal ferrant - matériel agricole et ce, de père en fils. Patichon d’adoption, j’avais un an lorsque mes parents vinrent s’installer au -Café du Commerce - place de la Halle, dans le centre ville de PATAY - chef lieu de canton de l’arrondissement d’ORLÉANS.

La commercialisation et, plus encore la destination du Fareau, est restée inconnue, pour certains acteurs de cette période que j’ai pu interroger au hasard de mes rencontres. Elles feront l'objet d'un article spécifique que le lecteur pourra trouver sur ce même site.

C’est en feuilletant l’édition de cartophiles du loiret : "foires et marchés" et en lisant le texte, que je découvris :

"PATAY : 1er MARCHÉ MONDIAL DU FAREAU".

Suffisant pour accrocher le regard et enclencher le déclic, l’idée m’est alors venue de retracer le pourquoi de ce titre.Cette culture a aujourd’hui pratiquement disparue

L'engrais le plus naturel, et peut être le plus beau quand il prend les couleurs et le parfum du trèfle incarnat.

 

Au travers des pages suivantes, vous découvrirez, le travail de toute une filière d’hommes qui chacun à sa place, dans sa profession, avait au cœur l’amour du travail bien fait.

 

ORIGINE

Le trèfle incarnat : Communément appelé Fareau venait de la déformation du mot languedocien ou gascon de :Farouch ou Ferouch, signifiant Foin rouge. Le trèfle : Trifolium = 3 feuilles.

De la famille des fabacées ou légumineuses, le trèfle se nourrit de l’air. A fleurs blanches, roses ou pourpres dont plusieurs espèces cultivées constituent d’excellents fourrages.

Avec la luzerne, le sainfoin et les lupins, les trèfles font partie de cette grande famille des légumineuses qui captent l’azote de l’air à l'aide de colonies de rhizobium constituées sous forme de nodosités fixées sur le système racinaire et vivant en symbiose avec la plante hôte.

NB : Autre particularité, le fourrage, en consommation animale, avait la particularité de ne pas "météoriser" les animaux. (ballonnements).

 

  • C’est ce qui s'appelle faire quelque chose avec rien

    SA CULTURE 

Afin de cerner au plus près les diverses phases de cette production, j’avais interrogé l’une des personnes les plus compétentes en ce domaine et plus particulièrement en recherche agronomique :Monsieur André PICHOT, agronome reconnu et visionnaire de Bazoches en Dunois, qui m'a précisé les méthodes culturales généralement utilisées pour produire ces merveilleuses fleurs.

 

Ci-après son témoignage relatant les différentes étapes concernant la culture du fareau:

 

 

 

Remarque : Il est possible qu'un ou plusieurs lecteurs de notre site dispose(nt)

d'informations plus précises, tant sur la culture ou sur l'utilisation de cette graine, qu'il n'hésite pas à mettre ces informations en ligne ou à tout le moins contacter le site. Merci

RPLB

 

    • <<< En 1940, j’avais 20 ans et je me suis installé comme cultivateur à Bazoches-en-Dunois en 1944.J’ai donc très bien connu la culture du TRÈFLE INCARNAT, qui était très répandue dans la région pour le fourrage et pour la graine.

    • Dans le cadre de l’assolement triennal qui était pratiqué, le fareau était généralement semé après l’avoine ou l’orge et avant le blé.

    • SEMIS : Vers le 15 septembre.Pas de labour, pas de déchaumage, on semait généralement à la volée à la main sur chaume (avoine ou orge).La graine était superficiellement enterrée par deux passages de herses, si possible croisés, à la dose de 20 kgs à l’ha. C’est de cette façon qu’on obtenait les meilleures levées dès qu’il pleuvait.Pas d’engrais, pas de traitement, et une pousse très rapide à la sortie de l’hiver.

    • RÉCOLTE : 2 possibilités :

    • - Récolte comme fourrage.

    • ou - Récolte pour la graine.

    • Comme fourrage :

    • C’était le premier fourrage vert pour les vaches, au printemps, après le régime des betteraves fourragères de l’hiver.

    • Coupé à la faux tous les jours, également pour les chevaux.

    • Le troupeau de moutons pâturait sur place en carrés délimités par des "parcs" faits de "claies", ou gardés par des chiens aux ordres du berger.

    • Début de la récolte vers le 15 mai.

    • Mais le trèfle incarnat ne donne qu’une coupe consommable pendant un mois maximum.

    • (Il y avait une variété plus tardive qui avait l’inconvénient d’être attaquée par l’oïdium) ; sa végétation était plus abondante en bonne terre mais les moutons gaspillaient plus en piétinant.

    • Comme graine :

    • La coupe se faisait généralement avec une "moissonneuse-javeleuse" (à râteaux).

    • Après quelques jours de séchage avec un "fauchet", on serrait les javelles pour les prendre et les charger avec les "fourches à fareau" de forme spéciale.

    • On amenait donc la récolte en vrac et le battage avait lieu en général tout de suite, avec des batteuses à "double batteur" pour sortir la graine de la gousse.

    • En effet, chez le "fareau", la graine unique est enfermée à l’intérieur du calice.

    • BATTAGE :

    • Les fléaux, les batteuses à blé, ne pouvaient extraire toutes les graines et donnaient ce que l’on appelait la "bourre" (gousses + graines), volumineuse et difficile à semer. Ils furent abandonnés après l’arrivée des batteuses à trèfle et luzerne.

    • OBSERVATIONS :

    • Les terres légères étaient les plus favorables à la production de la graine. En bonne terre, la verse compromettait la bonne fécondation et la bonne maturité.

    • Rendement au maximum : -+10 quintaux / ha 

    • Après récolte (fourrage ou grain) le champ était déchaumé puis labouré en octobre pour semer du blé ou de l’escourgeon.

    • Le trèfle incarnat à croissance rapide se défendait bien contre les mauvaises herbes , mais il n’était pas le précédant idéal pour le blé qui suivait.

    • Les fermes au sol superficiel sont celles qui ont tiré le meilleur parti de cette culture à graine, par exemple : la motte, commune de bazoches en dunois.

    • Il y a eu des milliers de quintaux de graines de trèfle incarnat vendus sur le marché de PATAY.

    • Sur notre secteur, les Etablissements CORNET ou LECUREUR à ORGERES en étaient de gros acheteurs.

    • Dans les premières années de la P.A.C., certains ont semé du trèfle incarnat sur jachère comme engrais vert.

    • En ce qui concerne la production de la graine, les moissonneuses-batteuses actuelles battent facilement le "fareau" en serrant le contre batteur, après andainage ou dessiccation avec le paraquat.>>.

    •  

 

 

 

L'engrais le plus naturel, et peut être le plus beau quand il prend les couleurs et le parfum du trèfle incarnat

 

L'engrais le plus naturel, et peut être le plus beau quand il prend les couleurs et le parfum du trèfle incarnat

  

Ci-après son témoignage relatant les différentes étapes concernant la culture du fareau:

  

Ci-après son témoignage relatant les différentes étapes concernant la culture du fareau: