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Le maréchal ferrant, le cheval et la mare: une trilogie au service de notre Agriculture

Auteur : Poulot  Créé le : 28/04/2013 10:05
Modifié le : 30/12/2013 17:41

 

Le témoignage qui suit est celui d'un observateur averti amoureux de la Beauce

 

La Mare : un lieu de soin pour les animaux

 

Dans le cadre de l'histoire des mares de nos communes, l'une d'elles : celle de Lumeau (28) mérite une anecdote sur l'utilisation de ce point d'eau à des fins « ostéopathe ».

En effet, c'est dans cette mare que mon grand père, Camille DESCAUSES, maréchal ferrant, effectuait outre son activité de forge-maréchalerie, une autre fonction, celle de guérisseur pour chevaux et plus particulièrement celle de rebouteux qui allait bien au delà du canton d'Orgères en Beauce.

Il avait, entre autre le don et le pouvoir remboîter les « épaules coulées »

(déboîtement de l'humérus).

Les chevaux de trait, plus particulièrement soumis à l'effort, pouvaient lors d'un mauvais pas ou un écart (ornière profonde, trous affaissement local du terrain) se déboîter l'articulation de l'épaule (pattes avant).Dans ces conditions, le cheval devenait hors service et de ce fait condamné à l'abattage, entraînant une lourde perte financière.

C'est lors de ces accidents de la vie du cheval que Grand Père intervenait.

Le cheval chargé dans une remorque basse (la Vachère) du marchand de bestiaux était conduit par son propriétaire jusqu'à la mare de Lumeau, au centre du pays .

Alors Grand Père intervenait, torse nu et les jambes du pantalon relevées jusqu'aux genoux, pieds nus, il pénétrait avec le cheval dans l'eau jusqu'au moment où le cheval était en suspension-flottaison.;

A ce stade, il passait son bras entre le poitrail et la patte du cheval, saisissait le sabot, et en un éclair de temps, pliait le genou du cheval à 90°, le posait sur sa cuisse et de l'autre main, en parfaite synchronisation, il rétablissait l'humérus dans son logement initial, en pressant l'ensemble du membre vers l'intérieur.

Cette manœuvre était faite en un éclair, le cheval en suspension n'avait guère la possibilité de réagir.

Il s'agissait d'un tour de main mais aussi d'un tour de force que sa robuste constitution lui permettait.

Pour ma part, alors que je débutais ma carrière de jeune représentant dans le machinisme agricole, j'eus l'opportunité de rencontrer un agriculteur à Moutiers en Beauce,Monsieur Paul CONNAY, qui à l'évocation de mon nom , se rappelait d'être allé à Lumeau, accompagner son père pour y conduire un cheval à l'épaule « coulée ». Il me confiait :..

Ce récit, maintes fois évoqué par mon père René DESCAUSES m'a toujours laissé pantois, mais surtout beaucoup de regrets de n'avoir pas pu connaître mon Grand Père Camille étant né deux mois après son décès.

Cette histoire exaltante a pu se renouveler de nombreuses fois au centre de Lumeau où se trouvait la marre et où les DESCAUSES exercèrent le métier de maréchal ferrant de 1704 à 1967 de père en fils.

 

Guy DESCAUSES 23avril 2013