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Le martyr de Joseph Faucheux, agriculteur et maire de Saint Péravy la Colombe en 1870.

Auteur : Admin  Créé le : 08/09/2025 10:06
Modifié le : 22/09/2025 15:41
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Joseph FAUCHEUX mérite grandement de figurer dans la rubrique des "Illustres" du Pays LoireBeauce;le  

(La biographie est librement inspirée du récit rédigé par Marie Faucheux, sa fille.)

Joseph FAUCHEUX nait le 10 mars 1828 à Saint Péravy la Colombe, fils d’Antoine Faucheux et de Marie Guillaumin. Il se marie le 29 juin 1857 à Saint Péravy la Colombe à Résine HOUZE. 

Nous sommes en 1870. Les Prussiens envahissent le pays et arrivent en Beauce. Joseph FAUCHEUX, alors maire de Saint Péravy, craint que sa position d’édile ne lui attire quelques mauvais coups. Il décide de mettre sa famille à l’abri. Les objets nécessaires sont chargés dans les voitures. Le 27 septembre 1870, vers 15 heures, une trentaine de Uhlans (lanciers de l’armée prussienne) parvient à Saint Péravy, fait le tour du bourg sans y entrer.

Un nommé Joseph DELIE sort prévenir le maire. Un des éclaireurs fait mine de lui tirer dessus. Les Uhlans réclame au maire, pour le lendemain, des vivres et du vin et de quoi nourrir les chevaux car le gros de l’armée arrive.

La plaque Souvenir Français  de Joseph FAUCHEUX dans

la salle du Conseil municipal de Saint Péravy la Colombe

La nuit du 27 au 28 septembre, la famille de Joseph FAUCHEUX, part en direction du Mans, accompagnée de madame DUBOSQ et son fils, femme et fils du brigadier de gendarmerie, chez les parents de laquelle ils vont trouver asile. Julien PELE, maître charretier et homme du pays conduit l’attelage. Joseph FAUCHEUX les accompagne jusqu’à EPIEDS. Le convoi arrive à CHEMIRE LE GAUDIN, à 5 lieues du Mans, à 2 heures du matin, le 1er octobre 1870.

Lorsque les ennemis parviennent à Saint Péravy, Joseph se rend chaque jour au bourg donner les ordres pour les réquisitions prussiennes.

Le 16 octobre, alors qu’il se repose dans son grenier, les Prussiens le font brutalement descendre. Ils l’accusent d’être un franc-tireur et d’avoir tiré sur un des leurs. Ils ont trouvé 2 cartouches dans sa chambre. Ils sortent un des bancs de la salle des domestiques et le font coucher dessus à plat ventre. Puis chacun à tour de rôle, ils le frappent à coups de plat de sabre sur les reins. Ils cessent leurs coups quand ils le pensent presque mort, très affaibli, perdant du sang par la bouche et le nez. Ils lui enjoignent de livrer les armes en sa possession. Il se souvient d’une vieille arme jetée dans un gouffre. Gouffre trop profond qui ne permet pas de retrouver le vieux fusil. Un officier ordonne à deux hommes de le tenir tête en bas, chacun par une jambe, suspendu au-dessus du gouffre. Ils l’emmènent ensuite à la ferme d’à côté et le pendent à une poutre. Par deux fois, le clou qui tient la corde cède. Il est alors garrotté, la main droite liée au pied droit et la main gauche au pied gauche. C’est dans cette position affreuse qu’il passe la nuit sur le sol humide de la ferme.

Le lendemain, on l’enjoint d’avouer qu’il est un franc-tireur et devant ses dénégations on lui annonce qu’il va passer au conseil de guerre et qu’il sera fusillé. Joseph demande de retourner chez lui prendre de quoi se couvrir.

Les habitants voyant que les Prussiens emmène leur maire s’écrient « ils emmènent le maître Joseph » Monsieur le curé tente une intervention sans résultat. Ils donnent un laisser passer à Monsieur l’abbé MARCHAND et Emilien JULIEN, charron, qui suivent la troupe pour tenter de le délivrer ; sans succès.

Le 17 octobre, les Prussiens installent leurs tentes non loin de Châteaudun. Joseph a dû suivre en courant, attaché à un cheval. Un Prussien lui donne un bol de lait fraichement tiré. On lui annonce que le conseil de guerre l’a condamné à mort. Pour plus de souffrances encore, certains soldats font mine d’aiguiser leurs sabres et lui passent sur le coup. Puis ils lui font creuser une fosse et se coucher dedans jusqu’à ce que la fosse soit suffisante pour sa taille. Joseph dénude sa poitrine et leur demande de le tuer tout de suite. Le lendemain, alors que les Prussiens pillent la ville, un soldat prussien le libère. Croyant à un piège, il s’enfuit. Il arrive à Marboué. Un instituteur lui donne un verre de vin et un biscuit, mais son apparence lui fait tellement peur, qu’il se contente de lui indiquer la route de Bonneval, sans l’aider davantage. Joseph, l’esprit troublé et totalement épuisé par tous les tourments et supplices endurés, se souvient qu’il a une tante à Bonneval. Il s’y rend. Sa tante le fait manger et se reposer, mais il doit partir, les Prussiens devant arriver en grand nombre le soir même. Elle le conduit à la plus proche station de chemin de fer. Le train est déjà parti. Il fait un long chemin, à pied, avant de trouver un omnibus. Il arrive à Maigne le 20 octobre au soir…en même temps que le journal qui annonce sa mort ! En effet, le curé de Saint Péravy, persuadé de la mort du maire, charge Julien PELE, de prévenir l’épouse de Joseph et ses enfants. Il trouve son maire vivant, mais dans quel état !

Les bons soins prodigués par la supérieure de Maigne et de Monsieur le curé PIQUA ramène Joseph peu à peu à la vie. Comme le bruit se répand que l’ennemi arrivent du côté du Mans, Joseph et sa famille reviennent à Chesnes. Partis le 28 novembre au matin, ils y arrivent le 30 novembre.

Le soir, les officiers français fêtent la décoration de l’un des leurs ainsi que la victoire de la bataille de Coulmiers. Tout est en ruine. Ils ne restent que 2 vaches sur les 15, 4 chevaux sur les 9, presque plus de moutons et plus de volailles. Après le désastre de Loigny, craignant d’être reconnu par les Prussiens, le 4 décembre, Joseph et les siens se résolvent à partir de Chesnes. Lui et les siens arrivent à Saint Avertin le 8 décembre dans l’après-midi, lieu où ils restent jusqu’à l’armistice.

Un peu plus de 2 années après, le 21 avril 1873, Joseph décède, des suites des sévices exercées sur lui, à Saint Péravy.

Joseph Faucheux repose au milieu de sa famille dans le cimetière de Saint Péravy la Colombe

Ce martyr enduré, fait de Joseph FAUCHEUX, un illustre de la Beauce Loirétaine. La plaque commémorative offerte par le Souvenir Français, est visible dans la salle du Conseil de la mairie de Saint Péravy. Sa sépulture, rénovée par Le souvenir Français, se trouve au cimetière de Saint Péravy la Colombe afin ne pas oublier.