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Petit Journal N°9 VIDOCQ / Bande d'Orgères (suite et fin) par P. REGNIER

Auteur : Admin  Créé le : 12/07/2012 09:41

VIDOCQ SERAIT-IL ISSU DE LA BANDE D’ORGERES ?

(Suite du Petit Journal N° 8 – octobre 2010)                                            « …Vidocq et Beau-François, comme de nombreux membres de sa bande (plus de 100 en CDI ou 300  en CDD ou tout au plus 475 en intérimaires !), ont connu le bagne plutôt deux fois qu’une. C’est un fait établi. Nous savons que la bande d’Orgères a commencé à sévir vers 1791 jusqu’en 1798 où le Beau-François acquiert ses lettres de noblesse en chef incontesté qu’il est. C’est un homme autoritaire, qui gère ses complices avec une poigne de fer, n’hésitant pas à tuer l’un d’entre eux en cas d’indiscipline. On ne fait pas dans  la dentelle à cette époque  où les désordres de la Révolution et une Beauce riche en blé et en argent, sont autant de situations circonstancielles qui attisent le crime et le besoin de s’approprier la richesse supposée. Le Beau-François est arrêté une première fois pour fausse monnaie, et s’évade. En 1799, le maréchal-des-logis Vasseur, le père des gendarmes d’investigation de terrain, l’arrête dans les bois de Méréville avec tous ses complices. Que nenni, moins d’un an plus tard, il s’évade à nouveau d’une prison chartraine aux murs de papier, et disparaît. Il se ‘’ range des voitures’’, se fait oublier, tout en s’insérant, du moins le suppose-t-on, dans une société en renouveau sortant du désordre révolutionnaire. Il connait la criminalité, ses codes, sait déjouer les pièges qui lui sont tendus, et maîtrise parfaitement la police comme la gendarmerie. Mais cet appareil sécuritaire a ses limites, et plus que quiconque, pour arrêter les criminels et les voleurs de bas étage, une police organisée autour d’indicateurs et d’hommes de terrain ne peut que servir l’Etat français. Pourquoi à ce moment le Beau-François et Vidocq ne formeraient-ils pas qu’un seul et même homme ?

Ils sont nés tous deux en 1775, Vidocq à Arras, le Beau-François se disant originaire de Saint-Maixent (peut-on le croire, lui qui ment à chaque fois qu’il parle de son identité ou de son âge). Leur carrière est pratiquement identique dans le banditisme de l’époque, voleur, escroc, criminel s’il y a lieu, même si Vidocq semble moins coutumier du fait, ‘’travaillant’’ en solitaire au contraire de son alter-ego, criminel dans le sang. Vidocq jeune s’est battu dans l’armée révolutionnaire en particulier à Valmy. Qui nous dit que le Beau-François n’en a pas fait autant avec les royalistes, d’autant qu’il est né en Vendée. Faire le coup de feu dans sa jeunesse n’aurait en rien dépareillé un passé déjà riche en faits d’armes. En 1796, Vidocq s’évade d’une chaîne de forçats. En 1797, le Beau-François s’évade d’Etampes. Nouvel exploit, l’un et l’autre se font à nouveau la belle, Vidocq du bagne de Toulon en 1800, et le Beau-François de Chartres en 1799. Les conditions d’enfermement ne sont pas les mêmes, mais à vouloir mettre du cœur à s’évader, on arrive toujours à ses fins pour ces deux personnages hors du commun.

C’est à partir de ce moment que Vidocq entre dans la vie active et honorable d’indicateur au sein de la police parisienne. Depuis un an, le Beau-François est dans la nature, et rien n’infirme la version selon laquelle il est à Paris, prend la place de Vidocq qu’il a pu mettre hors d’état de nuire au moment où il le fallait, et devenir le célèbre Vidocq de l’Empire napoléonien, en usurpant l’identité de cet autre bagnard. Le signalement du Beau-François n’était connu qu’en Beauce, et en montant à Paris, il se mettait à l’abri de la gendarmerie lancée à ses trousses.

On connait la suite de cette carrière marquant les esprits qui a fait de Vidocq (ou Beau-François) un être emblématique pour valoriser la police, tout en étant également à l’origine de la profession de détective privé. L’un ou l’autre meurt en 1857 à l’âge de 82 ans. »

Que personne ne me crie son indignation. J’ai lancé un pavé dans la mare, simplement en forme de distraction, histoire de dériver au fil des utopies de l’histoire. 

Philippe REGNIER 

 

{NDLR /Philippe REGNIER est l’auteur de plusieurs ouvrages, entre autres, sur l’histoire de notre Région : la Bande d’Orgères …  Son dernier livre : « 28 Célébrités en Eure-et-Loir » aux Editions du Petit Pavé}