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Petit Journal N° 17 Page N°4

Auteur : Poulot  Créé le : 02/03/2015 21:10
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Retour en arrière. 21ème Jeudi de l’Histoire : Duhamel du Monceau

«  Duhamel du Monceau, inspecteur de la marine de la guerre d’Indépendance et agronome par goût ?  »

 Henri-Louis Duhamel du Monceau est probablement un des académiciens des sciences les moins connus du XVIIIe siècle car sa modestie était légendaire. De 1728 à sa mort en 1782, Duhamel édita 90 mémoires pour l’Académie des sciences plus 8 en coopération. Trois fois directeur de l'Académie des Sciences en 1743, 1756 et 1768, Duhamel conçut le premier le projet d'une Encyclopédie générale des connaissances humaines.

Cadet d’une petite famille noble des environs de Pithiviers mais né à Paris en 1700, il fait ses études au collège d'Harcourt puis finit sa licence en droit à Orléans mais les sciences sont sa passion et il devient très ami des Jussieu, Le safran qui fait la richesse du Gâtinais est atteint d’une maladie que nul ne comprend. Les Jussieu invitent  Duhamel du Monceau à étudier cette maladie et après 4 années de recherches il publie ses résultats. La maladie se diffuse par la racine, il suffit d’isoler le plan malade.

Ses recherches sont publiées par l’Académie des Sciences en 1728 où  il entre comme adjoint-chimiste à la demande de Maurepas, secrétaire d’Etat à la Marine qui lui confie de nombreuses missions rémunérées. Cadet de famille, sans la Marine, Duhamel vivrait aux crochets de son frère qui partage d’ailleurs sa passion pour les sciences.

Duhamel ne devient pensionnaire  de l’Académie que le 5 décembre 1738 , il perçoit alors une pension qui fait de lui un savant professionnel mais auparavant il doit toute sa carrière à Maurepas qui le charge de rédiger un mémoire sur les bois de construction de marine en 1731, suivi en 1732 par des recherches sur les étuves et les bois courbes. Maurepas lui fait alors attribuer par Fleury une gratification annuelle de 2000 livres puis en 1734 l’envoie en Angleterre en mission d’espionnage industriel en Hollande et en Angleterre pour étudier les arsenaux  étrangers puis à nouveau en Angleterre en 1737 avec l’ingénieur-constructeur Olivier.

En 1739, Maurepas le nomme Inspecteur général des constructions navales. Duhamel est à l’origine des nouveaux plans de vaisseaux français. 64, 74 et 80 canons qui deviennent alors les meilleurs d’Europe. Il crée à Paris la petite école dans l’Académie des sciences où il enseigne le calcul infinitésimal, qui deviendra en 1765 l’Ecole du génie maritime et publie plusieurs ouvrages décisifs sur la construction navale, le chanvre etc.,

L’œuvre de Duhamel ne devient réellement agronomique qu’à partir de 1748, date où il supervise la traduction de l’ouvrage d’agronomie de l’anglais Jethro Tull. C’est ainsi que naît de 1750 à 1761 le Traité de la culture des terres, en six tomes qui constitue le premier grand ouvrage français sur l'agriculture depuis Olivier de Serres. Duhamel y intègre le fruit de ses expériences personnelles, effectuées dans son domaine de Denainvilliers qui faisait figure de véritable station d’agriculture expérimentale. Il y travaille également sur la croissance des arbres, le séchage des grains par ventilateur etc. Plus qu’un théoricien, Duhamel du Monceau est un expérimentateur est un vulgarisateur dont les recherches appliquées ont eu un rôle décisif dans la marine, l’agriculture et la forêt et dont les travaux véritablement encyclopédiques méritent d’être mieux connus.

Patrick Villiers

Professeur des universités en histoire moderne, historien de la marine.

 


Patrick Villiers vient de publier :

Jean Bart, corsaire du roi soleil,  éditions Fayard, Prix Acoram 2013 et Académie de Marine 2014, prix 24 euros.

 Avec  Laurence Chatel de Brancion,  La Fayette, rêver la gloire, 250 illustrations, éditions Monelle Hayot Paris, 2013, prix 49 euros.

A paraître mars 2015 Patrick Villiers, La France sur mer, une histoire de la marine française de Louis XIII à Napoléon 1er, Pluriel, 2015, prix 10 euros.