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Petit Journal N°15 Page N°2

Auteur : Poulot  Créé le : 16/03/2015 16:42
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19ème Jeudi de l’Histoire. « Histoires d'Eaux »

"LES EAUX SOUTERRAINES DE LA BEAUCE À LA LOIRE"

 


La Beauce renferme un des plus grands réservoirs d'eau souterraine de France, sollicité par plus de 4000 forages, essentiellement pour l'agriculture. Ce réservoir -dénommé "Calcaire de Beauce"- s'est formé il y a plus de 30 millions d'années dans un vaste lac, recouvert depuis 20 millions d'années par les produits d'érosion du Massif central constitués d'argile et de sable et correspondent maintenant à la Forêt d'Orléans et à la Sologne. Il y a environ 2 millions d'années, le cours d'eau principal qui s'écoulait vers le nord est capturé par le réseau hydrographique occidental ; la Loire est née. Lors des grandes glaciations de l'ère quaternaire, la Loire creuse son lit dans le calcaire, isolant le plateau de la Beauce de la Sologne. Sur la Beauce et dans le Val, le calcaire est alors à nu ; les précipitations dissolvent le calcaire en s'infiltrant dans les fissures qu'elles agrandissent, développant un réseau "karstique" qui se traduit aujourd'hui par des gouffres, des sources et qui est la cause de la création de fontis (ou bîmes). Le Calcaire de Beauce n'est pas une formation homogène ; on discerne, du haut vers le bas le banc supérieur ("Calcaire de Pithiviers") et le banc inférieur ("Calcaire d'Étampes"). Ces deux bancs, intensément fissurés, karstifiés, constituent les réservoirs aquifères ; ils sont séparés par une couche imperméable ou filtrante dite "Molasse du Gâtinais".

En Beauce, où le calcaire forme un plateau perché, la nappe est alimentée exclusivement par les pluies qui s'infiltrent rapidement dans le sous-sol. Il n'y a pas de ruissellement, les vallées étant sèches (Retrève, Conie, ...), sauf en très hautes eaux où la nappe déborde dans ces vallées. Mais en même temps, la nappe se vidange à la périphérie du plateau de Beauce, d'une part vers la Loire, d'autre part vers le bassin de la Seine. Du côté de la Loire, cette vidange se traduit par de nombreuses sources (la Chapelle-Saint-Mesmin, Saint-Ay, Tavers, ...). Dans le Val, l'alimentation provient pour 80 % en moyenne des pertes de la Loire situées entre Guilly et Jargeau et dont les résurgences s'échelonnent le long du Loiret, depuis le Bouillon au Parc Floral, et dans la Loire (Ile-Charlemagne, la Chapelle-Saint-Mesmin, ...). La qualité de l'eau dépend de la présence d'une couverture imperméable, protectrice, au dessus du réservoir où l'eau est captée. En Beauce, la nappe du réservoir supérieur (Calcaire de Pithiviers) est très fortement contaminée par les activités humaines lorsque le calcaire affleure, soit hors de la forêt d'Orléans. Par contre, la nappe du réservoir inférieur (Calcaire d'Etampes) est protégée par l'écran que forme la Molasse du Gâtinais sur la majeure partie de la Beauce ; c'est dans ce réservoir que la plupart des communes de Beauce captent leur eau pour la consommation humaine. Dans le Val, l'eau provenant en grande majorité des pertes de la Loire et la circulation souterraine étant très rapide, la pollution de l'eau se traduit par des pics de très courte durée.

Philippe MAGET

Ancien hydrogéologue au B.R.G.M.