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Petit Journal N°15 Page N°4

Auteur : Poulot  Créé le : 16/03/2015 16:47
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La quête mécanisée de l’eau de 1860 à 1960, en pays Loire-Beauce

 

 La quête de l’eau a toujours été une préoccupation fondamentale pour l’homme. Dans les années 1860, d’ingénieux mécaniciens-serruriers vont inventer des machines, souvent en fonte, destinées à cet usage

I / Les pompes à piston et grand volant avec colonne ou manège. S’il y a bien un élément emblématique de la Beauce c’est la pompe en fonte, à grand volant que l’on trouve dans chaque bourg ou hameau. Ces pompes aspirantes et foulantes, à piston, accompagnées de leur colonne élévatoire, coiffaient généralement des puits de 20 à 30m, profondeur nécessaire pour atteindre la nappe aquifère souterraine au-delà du calcaire de Beauce. Une quarantaine d’entre elles, la plupart provenant de Chartres.ont été dénombrées aujourd’hui dans le Loiret dont deux dans le canton d’Artenay et une dans le canton de Beaugency. Ce type de pompe était fréquemment associé à un manège dont plusieurs vestiges subsistent dans le département. Une carte postale ancienne montre qu’il y en a eu un à La-Chapelle-Onzerain.

II / Les Pompes « 3 corps ». Il existait d’autres mécanismes actionnés par des manèges à chevaux mais intérieurs au puits, appelés pompes « à 3 corps ». Six d’entre eux ont été retrouvés à Artenay, Cercottes, Chevilly, Epieds-en-Beauce et Saint-Sigismond.

III / Les pompes à piston et petit volant sur colonne. Vers les années 1920 /1930, apparaissent des pompes à piston moins hautes, munies d’un volant plus petit. Dans les années 1935 Maupu crée également une pompe à piston pour puits profonds en « bâti-borne », avec un volant d’1,30m de diamètre. Quatre pompes de ce type sont encore visibles aux Chapelles de Chevilly.

IV / Les pompes chapelets. Les pompes « chapelets » (faussement appelées « pompes à godets ») sont des pompes munies d’une chaîne sur laquelle un obturateur en caoutchouc est inséré à distance régulière. Les plus anciennes de ces pompes sont des pompes à rocher et cliquet datant de la fin des années 1860. À partir de 1890 les pompes se dotent de freins anti-retour. La première génération de constructeurs-mécaniciens orléanais est celle des David (Henri et Théodule) Maupu et Fagotat qui étaient également fabricants de pressoirs. La cinquantaine de pompes chapelets retrouvée dans les cantons d’Artenay, Beaugency, Meung-sur-Loire et Patay correspond principalement à cette période. L’usine d’Henri David, mentionnée dès 1868 occupait alors une grande partie du quartier Saint-Laurent. Théodule David va, en 1891, installer sa propre entreprise à quelques centaines de mètres de celle de son frère, 12 de la rue Sous les Saints. C’est Marius Peignin qui reprendra cette entreprise dans les années 1920. Désiré Maupu ancien ouvrier modeleur d’Henri David s’installe dès 1875, 33 rue des Beaumont. L’entreprise qui avait déménagée, en 1972, dans la zone industrielle des Montées cessera son activité peu avant l’an 2000. Des pompes estampillées « Veuve Fagotat » sont fabriquées dès 1890 rue de Loigny. En 1912 G. Fagotat lui succède, il reprend également les ateliers de construction d’Henri David.Gomy-Garnier, Delacroy-Baudu et Baudoin uniquement spécialisés dans la fabrication de pompes composent la seconde génération de constructeurs. La maison Gomy-Garnier, fondée en 1873 à Châteauneuf-sur-Loire, va être développée par le gendre Herbelin-Gomy au début du XXe siècle. Il est intéressant de noter que les plus gros fournisseurs du département, Delacroy-Baudu datant de 1880 (à Jargeau puis La-Ferté-St-Aubin) et Baudoin créé à Mardié en 1919, sont peu représentés, dans le Pays Loire-Beauce. Cela s’explique par l’arrivée de l’eau courante, dans certaines communes de Beauce, dès les années 1930. Outre ces véritables entreprises, une quinzaine de petits constructeurs-mécaniciens locaux ont existé, pour lesquels il ne subsiste souvent qu’une seule pompe témoin. Parmi eux il faut citer Couratier à La Nivelle et Baujoin de Meung-sur-Loire dont on peut voir des réalisations dans ce secteur. Certaines pompes « chapelets » ont été équipées de système de démultiplication, afin d’atteindre de plus grandes profondeur. Celles qui ont continué à fonctionner le plus tardivement furent souvent entraînées par un moteur (à essence, puis électrique) avec des courroies de transmission. Une poulie étant alors adaptée au volant de la pompe.

V / Les pompes à godets. Hormis les pompes chapelets il existe des pompes dont la chaîne est réellement munie de godets. C’est le cas du modèle « L’universelle » de Maupu, ainsi que des pompes Dragor construites par Henri Legou au Mans à partir de 1919. Une de ces pompes, reconnaissable à sa tête de lion, est visible à Cercottes.

VI / Les pompes à bandes multicellulaires. L’entreprise Caruelle dont la principale usine était à Saint-Denis-de-l’Hôtel va se faire connaître après la grande Guerre, grâce à la technique des bandes multicellulaires. Dans le Loiret une douzaine de pompes Caruelle ont été, pour l’heure, inventoriées, dont deux à Baccon.

VII / Les pompes à balancier. On trouve aussi, dans le canton de Meung-sur-Loire, des pompes à balancier qui ont parfois été réalisées par des forgerons locaux mais qui pour la plupart proviennent d’Indre et Loire où ce type de pompe est très répandu. La plus importante fabrique étant Briau & Soudée (à Tours puis La Riche ) qui remonte à 1854.


VII / Les pompes électriques. Pour « boucler la boucle » de cette période 1860-1960 il faut évoquer les pompes surmontées d’un moteur électrique (également de marque Briau) telle que nous pouvons en voir à Chevilly.


Christian CHENAULT