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Après la bataille de Coulmiers

Auteur : gaston  Créé le : 16/03/2024 09:19
Modifié le : 16/03/2024 10:28
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Lors des commémorations du 153ème anniversaire de la victoire de Coulmiers le 12 novembre 2023, notre collègue Gérard Lemaître, maire honoraire de Coulmiers, vice président de l'association"Racines du Pays LoireBeauce" avait retracé, devant les nombreuses personnalités présentes à cette manifestation, le déroulement des combats du 9novembre 1870 qui s'étaient soldés par la victoire des armées françaises.      Dans l'article ci-dessous, il nous décrit ce qui s'est passé au cours des semaines qui suivirent, dans les communes environnantes.

Le 12 novembre 1870 a lieu la conférence d’Ingré avec Gambetta et de Freycinet au QG de d’Aurelle de Paladines.

Du 12 novembre au soir au 18 novembre au matin, la division Jaureguiberry du moins une partie, occupa Coulmiers. Puis du 18 au 30 novembre 1870, le 22ème régiment de gardes mobiles de la Dordogne, a deux compagnies dans le bourg,  une compagnie à la ferme de l’Ormeteau, et une au hameau de Bonneville. Il y a des frictions entre les habitants, et les troupes chargées des réquisitions. Des vivres sont demandés avec remise de bons en règle, par contre, des réquisitions sont faites arbitrairement, sans aucun reçu. (Je dirais à la bavaroise ou à la prussienne). Les habitants deviennent réticents et moins généreux vis-à-vis de leurs libérateurs.

 

Il est vrai qu’à la seconde occupation (prussienne, cette fois) l’ennemi se servira sans autorisation. A cette époque la mairie fera l’inventaire des citoyens âgés de 21 à 40 ans, mariés ou veufs avec enfants, appelés à faire partie des gardes nationaux mobilisés sédentaires, au total 22 hommes.

Le 30 novembre au soir, le 17ème corps d’armée que commande le général de Sonis arrive à Coulmiers, ce corps bivouaque de Saintry à Coulmiers, avec un régiment près du bois de Montpipeau.

Dans le bourg de Coulmiers, notamment dans le parc, se trouve une brigade et l’artillerie de réserve.

Le général de Sonis et une partie de son Etat Major passera la nuit au château de monsieur Capitant de Villebonne.

Le temps était froid, il gelait sur la neige qui tombait depuis le matin.

 

Le 1er décembre soit le lendemain, les hommes attendaient des souliers, hélas en vain, puisque le convoi  devant les amener s’était trompé de direction (sans commentaires…).

Ce même 1er décembre vers 3 heures (15heures), un télégramme du général d’Aurelle de Paladines, prescrit à de Sonis et à son 17ème corps de rejoindre Saint Péravy la Colombe.

A 9 heures du soir le 17ème corps recevait l’ordre de se remettre en marche, pour rejoindre les positions du général Chanzy et son 16ème corps. La température était descendue à -12 -15 degrés, et les malheureux soldats  du quartier général, des réserves et la 2ème division. repartirent de nuit, transit de froid sur la neige glacée, presque nu-pieds. La 1ère et 3ème division partant un peu plus tard.

 

Le 3 décembre, les troupes françaises reculent après la défaite de Loigny, la veille, soit le 2 décembre.

Une partie du 17ème corps d’armée dont les 70 mobiles du Lot arrivent à Coulmiers en fin d’après midi, ils sont précédés de déserteurs des  16ème et 17ème corps d’armée, fuyant le champ de bataille, passant à proximité du bourg de Coulmiers, précédant ainsi leurs braves camarades beaucoup plus disciplinés. Le général Guepratte commandant la 2ème brigade de cavalerie du 17ème corps commande provisoirement ce corps, après la blessure du général de Sonis. Guepratte prendra son quartier général à Gémigny.

 

Le 4 décembre à partir de 5 heures du soir, et toute la nuit du 4 au 5 décembre, passent dans le bourg de Coulmiers et se dirigent vers Baccon : les parcs, les convois et les réserves en pleine retraite, à la limite de la débandade. Le 70ème régiment des gardes mobiles du Lot, lève le bivouac vers 4 heures, et se dirige sur Baccon, il est 6 heures du soir. De Coulmiers on entend les détonations de l’artillerie ennemie, mais surtout arrivent des civiles, fuyant devant les prussiens qui disent-ils brulent fermes et hameaux et font prisonniers des civils. La division du 16ème corps de l’amiral Jaureguiberry, bivouaque à cheval, sur la route d’Orléans, entre le parc de Coulmiers et la ferme d’Escure, à Rozières en Beauce.

 

Le 5 décembre, alors qu’il fait encore nuit, la division de cavalerie du 16ème corps du général Michel, qui remplace le général Ressayre blessé à Coulmiers, prend positon au nord de la route d’Orléans, à Coulmiers, couvrant ainsi le secteur des carrières des Crottes en passant par les fermes de l’Ormeteau, avec un escadron à Vaurichard  et également un escadron à l’Hopiteau, pour pouvoir s’opposer le cas échéant, à un mouvement tournant des prussiens.

Vers 8h30, ce 5 décembre la 1ère division du 16ème corps, soit celle de l’amiral Jaureguiberry, a reçu l’ordre d’effectuer le mouvement de retraite prescrit, mouvement effectué lentement sous la protection d’une ligne de tirailleurs, qui attendra que la division recule de un kilomètre pour décrocher à son tour. Tout en maintenant cet écart de un kilomètre, cette division passe dans le bourg de Coulmiers pour se diriger sur Baccon, c’est une sorte de déroute muette des soldats. Quand à la cavalerie du général MichelL, elle effectue elle aussi, son mouvement de retraite, mais en passant par les chemins de terre pour se diriger vers le hameau de Villorceau, à Charsonville, puis vers le hameau de Chandry, il est environ 11 heures.

Au cours de cette retraite des troupes françaises, les réquisitions de vivres, fourrages, animaux et même charrettes, vont se multiplier, au point que beaucoup d’habitants cachent ce qu’ils peuvent, comme au début de la première invasion ennemie. Des exemples, le fermier de Vaurichard, César Duche se verra requis un cheval et son cabriolet pour l’ambulance du 17ème corps, et cela le 4 décembre. La voiture de Jacques Boiret de Bonneville est prise malgré ses protestations. Philemon Fautrel de la Motte,se voit prendre deux moutons. Louis Lecourt de Bonneville voit cinq moutons disparaîtrent. Aimable Villette voit une partie de ses vaches enlevées. Pour beaucoup d’autres, c’est du linge, des couvertures, car il fait très froid, du vin, du bois etc…

Malgré les bons remis, les gens sont plus que méfiants, et ce qu’ils refusent aux troupes françaises, les prussiens s’en accapareront sans bons, de gré ou de force.

Différents corps de francs-tireurs font aussi des provisions, quelquefois sans délicatesse, et se retirent sur Binas et Morée. Ce 5 décembre se passera donc à recacher le peu qui reste en attendant les Prussiens, ou plutôt les corps d’armée du Duc de Mecklembourg, du général Wrangel, et du général de Schimidt. Alors que la nuit tombe un habitant du hameau des Crottes vint dans le bourg de Coulmiers, pour avertir que des éclaireurs Prussiens étaient arrivés dans les carrières, et se renseignent sur l’état des chemins des environs, notamment le chemin dit des Bœufs.

 

Le 6 décembre, un régiment d’infanterie Prussienne prend possession de Coulmiers, pendant qu’un médecin militaire qu’accompagne un officier, vient visiter les douze soldats français se trouvant dans l’ambulance installée dans l’école. Après un examen très superficiel le « toubib » Prussien déclara que dix de ses malheureux soldats blessés sont en bon état de santé, et doivent être faits prisonniers. Tout cela malgré le pavillon de la Croix-Rouge, et au mépris de la convention de Genève, puis le médecin militaire accuse l’honorable instituteur monsieur François Sallier d’être un franc-tireur et de donner asile à des brigands.

Les soldats Prussiens se vengent par le saccage de l’unique classe, cassant les vitres brulant les tables, le bureau du maître, détruisant les 240 volumes de la bibliothèque, logeant même leurs chevaux dans la classe. Ces faits authentiques étant même relatés par Gustave Fautras dans son ouvrage « autour d’un champ de bataille ».  Après la reprise d’Orléans l’Armée de la Loire est coupée en deux : la 1ère armée de la Loire, soit les 15ème 18ème et 20ème corps environ 100000 hommes, cette armée de la Loire devenant par la suite l’Armée de l’Est commandée par le général Bourbaky.

La 2ème Armée de la Loire soit les 16ème 17ème et 21ème corps aux ordres de Chanzy, environ 120000 hommes dont 100000 fantassins, 10000 cavaliers, 5000 artilleurs etc.…. Cette scission provoquant la destitution du général d’Aurelle de Paladines.

L’ennemi prépare son offensive, tout en étant prudent et méfiant, mais reste en cantonnement.

L’infanterie attend des ordres, seule la cavalerie, teste si l’on peut dire l’armée française.

 

Dans les journées du 7 au 10 décembre 1870, l’ennemi va faire une offensive générale contre la 2ème Armée de la Loire. Le prince Frédéric Charles autorise le Grand Duc de Mecklembourg Schwerin a passé à l’attaque. Seule deux divisions de cavalerie Prussienne sont en mouvement pour occuper selon les ordres, la ligne Ouzouer-le-Marché Beaugency.

 

Le matin du 6 décembre, la 4ème division Prussienne du général prince Albrecht de Prusse (le père), se met en marche pour rejoindre la région d’Ouzouer-le-Marché. La 2ème division du général comte de Stolberg Wernigerode, a pour objectif Meung sur Loire, alors que 2ème division du 16ème corps du général Barry avait passé la Loire à Meung sur Loire, pour ensuite faire sauter le pont.

Le 6 décembre la 1ère division du 16ème corps du général Delplanque se situe en gros entre Villorceau et Messas, venant en soutien pour aider le cas échéant la colonne dite de Tours que commande le général Camo qui a ses positions à Foinard, la Bruyère et Langlochere, soit sur la commune de Baule.

A Meung sur Loire, le régiment de marche de gendarme à pied du lieutenant Colonel Morgan, fait acte de courage devant une colonne ennemie, composée de la cavalerie, épaulée de l’infanterie et de l’artillerie. L’ennemi est sérieusement accroché, et en soirée il rétrograde une partie à Baccon pour se mettre sous la protection de l’infanterie, une autre partie à Huisseau sur Mauves, sous la protection de la brigade de cuirassiers bavarois du général major de Tausch, et enfin à Saint Ay avec la 2ème division.

Le régiment de marche de gendarmes à pied se retira sur Beaugency, bien protégé par les troupes du général Camo.

 

Le 7 décembre, la 2ème Armée de la Loire du général Chanzy, s’étend en gros de la forêt de Marchenoir vers Beaugency.

Revenons dans notre secteur, ou l’avant-garde de la 17ème division d’infanterie Prussienne de Von Tresckow, s’empare de Baule et Lanclochere, mais les troupes françaises de la colonne mobile du général Camo résistent très bien à Foinard, c’est alors que deux régiments de la 1ère division Deplanque, du 16ème corps d’armée, viennent au secours de Camo. Grâce à cette offensive, Langlochere et Baule sont dégagés, c’est le combat de Foinard, ou s’illustre le 16ème bataillon de chasseur à pied du commandant BechetT, le 88ième régiment des gardes mobiles d’Indre et Loire du lieutenant colonel de Cools et le 59ième régiment de marche que commande le lieutenant colonel Barilles.

Camo pense continuer son offensive avec l’aide de Deplanque lorsque des forces ennemies apparaissent entre Messas et le hameau de Beaumont sur la commune de Cravant.

Les français tentent une attaque générale qui malheureusement échoua devant la supériorité numérique de l’ennemi notamment la 1ère brigade bavaroise du général major Von Dietl ayant en soutien toute la 1ère division Von Stephan, ainsi que trois batteries de la 1ère division bavaroise et deux batteries de la 2ème division de cavalerie.

La cavalerie Prussienne reprend sa marche en avant et le gros de la 17ème division Prussienne du général Von Tresckow en provenance de la Chapelle traverse Baule se dirigeant vers Beaugency.

L’offensive ennemie faisant reculer nos troupes jusqu'à la route allant de Beaugency à Cravant.

 

Les 8,9 et 10 décembre de nombreux et violents combats touchent la région : des noms de batailles, ou faits d’armes, vont laisser des traces glorieuses : Beaumont, Cravant, Josnes, Messas, Tavers, Vernon, Villorceau, Villejouan, etc.…..

Le 11 décembre Chanzy ordonne la retraite sur le Loir, avec plus tard les combats de Morée, de Freteval puis de Vendôme, et enfin la retraite sur la Sarthe avec de nombreux combats d’arrières gardes jusqu’au Mans : échec, mais surtout courage et bravoure et enfin la retraite volontaire du Chanzy sur la Mayenne.

Et cette conclusion:<Nous sommes occupés…. !>