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La météo à Baccon de 1729 à 1746

Auteur : Patrick  Créé le : 02/05/2024 06:25
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Avertissement

Ce document est extrait des « Mémoires de la Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans » de 1913, dans lesquelles Jacques Soyer (membre de la Section des Lettres) a rédigé un document intitulé : « Notes météorologiques, agricoles et historiques de Pantaléon Binois, curé de Baccon (1718-1746)». Dans ces notes, Jacques Soyer a transcrit les écrits météorologiques rédigés par le curé Binois dans les registres paroissiaux de la commune de Baccon.

Jacques Soyer, né à Blois en 1870, sera à la tête des archives départementales du Loiret durant 31 ans. Il décédera à Orléans en 1950.

 

Préambule

Pantaléon Binois, né le 9 janvier 1693 à Orléans (paroisse saint Michel) de Pantaléon Binois et de Lipharde Mauger fut curé à Baccon de 1718 à 1746.

Il pris ses fonctions le 15 juin 1718 et plus tard l'évêque d'Orléans, Monseigneur Nicolas Joseph de Paris, le nomma chanoine de la collégiale Saint-Liphard de Meung-sur-Loire, le 2 juin 1746. Il sera remplacé à Baccon par le curé Bouqueret.

Pendant ses longues années de services à Baccon, tout en rédigeant consciencieusement les actes de baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse (BMS), il prit soin de consigner sur les registres de sa paroisse, des notes éparses sur le temps, les récoltes, les épidémies, les sinistres… de l’année 1729 à l’année 1746 sous le règne de Louis XV.

La ponctuation a été reprise ainsi que l’orthographe des mots, pour une meilleure lecture et compréhension du texte.

 

 

Année 1729

L'hiver de 1729 a été presque aussi rude que celui de 1709, que l'on appellera dans tous les siècles l'année du grand hiver.

Commentaire : A Paris, le thermomètre s’abaissa jusqu’à – 15°C.

 

Année 1730

En 1730, l'hiver commença quinze jours avant Noël, et a duré presque sans aucune interruption jusqu'à la moitié de mai, tantôt avec de rudes gelées, tantôt avec de moindres.

Les foins ont manqués parce qu'il a fait trop froid dans les mois de mars, avril et mai, et parce qu'il n'était point tombé d'eau depuis le 24 février.

 

Année 1731

Enfin, après une longe sécheresse, accompagnée de grandes chaleurs, il est venu de l'eau à la Saint Jean 1731, en quantité avec éclairs et tonnerres. Malgré la ditte eau, les avoines ont manqué dans tous ces pays-ci. La sécheresse et la chaleur extrêmes ayant toujours continuées. Enfin, le douze août, il y a eu un orage des plus furieux et des plus terribles qui a donné de l'eau, mais trop tard.

En la ditte année 1731 les blés ont été très courts et n'ont pas rendu beaucoup.

La petite vérole a été très fréquente et mortelle dans plusieurs endroits pour les enfants, même dans cette paroisse.

Dans cette année 1731, tous les animaux ont été attaqués d'une maladie sur la langue, qui aurait été mortelle s'ils n'avaient pas été secourus à heure et à temps.

Il y a eu, en la même année 1731, une quantité surprenante de chenilles qui ont  gâtés tous les arbres. Le Parlement de Paris, Mr l'Intendant et tous les juges ont ordonnés de faire ôter les bourses et fourreaux ; ce qui a été exécuté dans les endroits où cela a pu se faire.

Commentaire :

  • Erucisme : Selon le docteur Vétérinaire Gourreau (Alfort), il s’agirait de brûlures causées par le poil des chenilles urticantes.

 

Année 1732

Dans le mois de mars 1732 l'avoine n'a pas passé 3 livres.

En l'année 1732, l'hiver a été rude et très long. La plupart des terres de ces pays étaient pleines de jottes dans le temps de la couvraille de 1731 qui n'ont point empêché le blé de ne lever. Les blés premiers faits ont été beaux jusqu'au mois de mai, mais, étant venus deux brouillards, ils sont diminués de moitié ou plus. Jamais le laboureur ne s'était tant pressé de semer de bonheur, jamais aussi n'a t'il été si trompé.

Les blés faits à la Toussaint et après ont été beaux. Le blé n'a pas été cher, par ce que la rouille n'a gâté qu'une contrée de dix lieues aux environs.

L'année, qui a été pluvieuse, a si bien fait profiter les avoines qu'il y en a eu quantité, qui néanmoins n'a pas rendu à la grange autant qu'on l'aurait crû.

La moisson et la vendange ont été tardives. Le vin a été bon en certains endroits et médiocre en d'autre.

 

Année 1733

En l'année 1733, sur la fin du mois de mai, la rivière de Loire est crue considérablement et a causée par une inondation prodigieuse une perte très considérable.

 

Année 1736

En l'année 1736, le 23 mai, le lendemain des fêtes de la Pentecôte, les vignes ont gelées.

 

Année 1737

En l'année 1737, le saint jour de Pâques s'est trouvé le vingt et un du mois d'avril.

Les mercredi, jeudi et vendredi de la semaine de Pâques, il souffla un vent haut des plus violents et des plus froids qui fit beaucoup craindre pour les vignes, qui eurent encore peu de temps après, quelques jours assez froids avec gelée. Mais le Seigneur les préserva de danger et conduisit tous les biens de la terre dans une parfaite beauté jusqu'au jeudi dix huit de juillet. Que sa justice nous affligea d'une grêle des plus grosses et accompagnée d'un ouragan le plus furieux qu'on ait senti depuis longtemps dans ce pays ci, qui ruina en entier la moitié de la paroisse en prenant depuis Vilcery, la Touanne, Montour et toute  la paroisse d'Huisseau.

La nuit du dimanche suivant et le lundi, à huit heures du matin, il survint une autre grêle qui perdit les avoines de l'autre moitié de la paroisse qui n'avait pas eu la grosse grêle.

Enfin les tonnerres, les éclairs, les tempêtes, accompagnées de pluies, durèrent, avec néanmoins quelques intervalles, jusqu'au treize septembre au soir.

Sur les huit heures, un ciel de feu, un tonnerre continu, joint à cela une abondance de grosse grêle, perdit les vignes depuis Beaugency jusqu'à Saint-Ay, et ôta au vin le peu de qualité qu'il

aurait pu avoir. Enfin, il tomba, dans celle paroisse, de la grêle jusqu'à huit fois.

La misère des peuples de plusieurs paroisses de ces pays ci fut soulagée par vingt cinq mille livres que Monseigneur le Duc d'Orléans, premier prince du sang, donna pour acheter des blés.

Le 10 août, jour de Saint Laurent, la grange et la métairie d'Auton furent réduites en cendres par le feu qui y fut mis.

Quelques jours après, un dimanche, le tonnerre tomba sur la grange de la Grande Maison d'Ouzouer-le-Marché et la brûla entièrement avec le grain qui était dedans.

Les pluies continuèrent avec tant d'abondance et si fréquemment, qu'on eut bien de la peine à semer les blés.

Commentaire : vent haut = vent du nord

 

Année 1738

En cette année 1738, le saint jour de Paques était le six du mois d'avril.

Les pluies, les tonnerres et les orages ont continuées jusqu'à la fin du mois de juin. Les pluies ont été si fréquentes que les étangs se sont débordés partout, entre autres celui d'Ambert a formé de si gros torrents que des maisons en ont été renversées dans les paroisses de Coinces et autres du voisinage. Les fontaines de cette paroisse ont coulées avec tant d'abondance que, de mémoire d'homme, vivant alors, personne ne se souvenait de les avoir vu si hautes et si fortes à Les Fontaines, au Héron et aux Renardières.

Au temps orageux et pluvieux a succédé une chaleur excessive, sans aucun tonnerre, qui a commencé avec juillet et qui a duré plus de six semaines. Outre les maladies et fièvres sans nombre que ces chaleurs ont causées. Les blés, les orges et les avoines ont été échaudés, de sorte que le blé qui, avant la moisson, passait quatre livres, est monté après la Toussaint à huit livres et des sols. L'orge, qui valait au plus un écu de trois livres, est allé a cent sols et l'avoine a cinquante sols.

Le vin a été aussi cher, a cause de deux gelées arrivées l'une après l'autre dans le moi d'avril.

Il y a eu cette année beaucoup de blé en Auvergne et en Bourbonnais, où les marchands d'Orléans en sont allés chercher.

La Ville de Blois a fait un emprunt de cent mille livres pour être employé à acheter des blés.

La Maison de Ville d'Orléans a faite aussi une bourse de plus de quatre vingt nulle écus, pour être employée a acheter des blés qui ont été porté au Martroi afin de garnir les marchés.

Commentaire : Martroi : place d’Orléans où se tenait le marché au blé.

 

Année 1739

Le vendredi seize janvier 1739, il y eut dans la nuit de grands éclairs et de furieux coups de tonnerre. Le tonnerre tomba sur l'église de Neuville-aux-Bois et fit beaucoup de dégâts. En même temps il tomba sur le moulin de la Chapelle-Onzerain qu'il brûla et sur le clocher de l'église, où il n'a causé aucun dommage.

 

En cette année 1739, le saint jour de Pâques était le 29 du mois de mars.

Les blés et les avoines, qui avaient manqués en 1738, ont causés une extrême cherté : le blé ayant valu 8 livres la mine, l'avoine 3 livres 10, et la mine d'orge cent sols.

La misère a été extrême, et elle l'aurait été d'avantage sans les aumônes de Monseigneur le Duc d’Orléans, premier prince du sang, qui a répandu dans plusieurs paroisses de son apanage une grande quantité de riz que l'on faisait cuire en quatre endroits de cette paroisse et qu'on distribuait trois fois la semaine. Cette distribution a commencé au mois de mai, et a fini au commencement de la moisson, qui a été abondante en blés, orges et en avoine dans ces pays ci. L'avoine ayant manqué dans le Chartrain, cela a été cause qu'elle s'est toujours maintenue chère.

Il n'y a pas eu quantité de vin, et même le peu qu'il y a eu, n'a pas eu grande qualité.

La grêle a encore gâtée quelques endroits, surtout dans la paroisse de Roches et aux environs de Dreux, diocèse de Chartres, le 25 juin.

La semence des blés a été très difficile à faire à cause des pluies continuelles survenues depuis la fête de Saint Denis, neuf d'octobre, jusqu'à la moitié de décembre.

J'oubliais de dire que le Roy a fait aussi distribuer de l'argent et des riz pour le soulagement des Provinces les plus affligées, du nombre desquelles étaient le Perche, le Vendômois et tous les pays voisins de la Loire.

Commentaires :

- En janvier 1739, deux tempêtes destructives se succèdent du 14 au 18. Ces deux tempêtes sont comparées aux tempêtes Lothar et Martin de fin décembre 1999. Elles ont été dénommées en raison des dates, respectivement Hilaire (St Hilaire, le 14 janvier) et Prisca (saint Prisca le 18 janvier). Ces tempêtes ont fait de très importants dégâts dans les forets notamment, dans la moitié nord de la France.

- voir registres paroissiaux d’Epieds En Beauce (1750-1765) pour la même distribution de riz en 1752.

 

Année 1740

Le huit janvier 1740, jusqu'au onze du même mois, il gela aussi fort que dans le grand hiver de 1709 et de 1729.

Le 12 janvier, le froid diminua et devint supportable, et continua pendant les mois de janvier et de février, à la réserve de deux ou trois faux dégels accompagnés de beaucoup de pluie, qui firent beaucoup appréhender pour les blés, dont toute la froule était si gelée qu'il ne paraissait pas plus de blés que si on n'y en avait point mis, jusqu'au quinze mars que la terre commença à se dégeler. Les petits blés, conservez par une grande providence, commencèrent à reverdir.

Le 30 décembre 1740, le Parlement de Paris a donné un arrêt pour la subsistance des pauvres, qui a été confirmé par un arrêt du Conseil du Roi. En ville et en campagne, on s’est mis beaucoup en peine pour obéir à cet arrêt. En certains lieux on n’a pu s’arranger, en d’autres on a fait certains arrangements qui n’ont pas eu de longues suites. Ici, par exemple, Messire de La Touanne, dans une assemblée de paroisse, tenue au presbytère, proposa aux laboureurs de donner tant de pains par mois. On a tiré de quelques uns de messieurs les propriétaires quelques secours. Mais les distributions n’ont durés que cinq semaines. Il est vrai qu’elles auraient durés plus longtemps si les paroisses voisines, comme Meung, Huisseau, Le Bardon et autres avaient pu nourrir leurs pauvres. Nous fumes pendant quinze jours ou 3 semaines dans un grand repos de la part des pauvres, après ce terme. Les pauvres qui souffraient parce que l’on ne leur donnait pas assez, se sont mis à courir comme de coutume.

Cette année 1740 a mérité d'être marquée d'une pierre noire dans nos annales par l'irrégularité des saisons. Le froid, après avoir été vif et continuel, depuis le 25 d'octobre 1739, durait encore à la fin printemps 1740. Il a été suivi d'un été pluvieux, qui a empêché une partie des grains de parvenir à leur maturité et la gelée, qui est survenue dès les premiers jours de l'automne, a trompé l'espérance du vigneron.

Ainsi Dieu, qui est le maître des éléments, ne nous a, ce semble, montré les apparences d'une récolte abondante, que pour nous faire voir qu'il pouvait nous récompenser si nous le méritions, et il ne nous a privés de ses richesses que pour nous apprendre que nous n'étions pas dignes de les recueillir.

Le peu que je viens d'écrire est assez capable de designer l'année 1740.

Mais entrons dans quelques détails. Les vignes ont été gelées en plusieurs endroits le mercredi dix huit de mai, et particulièrement dans l'Orléanais, qui, le vingt cinq de juin, essuya une grêle des plus furieuses qui ruina ce que la gelée avait épargnée et les légumes de pois que les vignerons avaient semé dans leurs vignes.

Le 8 d'octobre et les jours suivants, les raisins furent gelés dans les vignes presque partout. Ce qui a fait qu'il a fallu ouvrir la vendange, quoique les raisins ne fussent pas murs, et ainsi faire du vin de petite qualité à cause de son vert. Ce qui n'a pas empêché que, dans le premier feu, il n'ait été vendu très cher et même jusqu'à cent vingt livres le tonneau.

Les blés ont manqués presque par toute la France, excepté le Poitou et l'Anjou. Les terres blanches, qui sont les meilleurs pour le blé, n'ont rien donnés ; plusieurs laboureurs auraient bien fait de renverser leurs blés et de semer de l'orge, qui, présentement, en janvier 1742, vaut six francs la mine. Les terres menues, les terres noires étaient bien garnies de blé, mais la rouille, survenue un mois ou trois semaines avant la moisson qui n'a commencé qu'après la Saint Laurent, a tellement fait dépérir les blés que le blé vieux est allé jusqu'à 12 et 14 livres la mine et le nouveau à 10 livres. L'avoine a aussi manqué et présentement son prix est de quarante sols la mine. La couvraille des blés a été aussi belle que celle de l'année dernière a été pluvieuse.

Le 15 septembre, il tomba de la grêle assez grosse à Cravant, la Touanne et Huisseau.

Dans les mois de décembre et janvier, les pluies ont été si continuelles que toutes les rivières sont sorties de leurs lits et ont causées des pertes immenses et irréparables. La Loire, de qui l'on craignait beaucoup, quoique très grosse, n'a point débordée jusqu'à ce jour 18 janvier 1741. Il y a eu quantité de naufrages tant des vaisseaux sur mer que de bateaux sur les rivières.

Commentaires :

  • En France, la saison froide dura du mois d’octobre 1739 jusqu’en mars 1740. Les gelées de 1740 furent moins rigoureuses que celles de 1709 mais la neige tomba en abondance en janvier et février. La récolte de blé fut compromise par les froids pluvieux de l’été 1740, qui présenta une température si basse qu’on pu écrire que dans la région parisienne « il avait gelé en 1740 pendant tous les mois de l’année ». Et d’ajouter que « le nom d’année du grand hiver est devenu propre à 1709, celui de l’année du long hiver est dû à aussi bon titre à 1740 ».
  • Le tonneau d’Orléans valait environ 470 litres.

 

Année 1741

En cette année 1741, il n'y a eu presque point de froid en Janvier, février et mars ont été beaux et secs. L'hiver a commencé au commencement du printemps, le lendemain de Pâques,  3 avril, et a duré jusqu'au treize mai, que la gelée plus forte qu'à l'ordinaire gela les vignes.

De sorte que, dans ce temps, le vin, le blé et l'avoine ont augmentés beaucoup de prix.

L’été a été très sec, ce qui a fait qu'il n'y a eu que les fortes terres qui aient produit du blé. Les avoines ont manquées dans cette paroisse, et même plusieurs avoines coupées, qu'on ne voulait pas ramasser, qu'elles n'eussent eu de l'eau, ont été tellement noircies sur les champs par une pluie de 15 jours ou plus qui a commencée au 14 septembre, qu'elles ont germées et ont peu portés de profit à leur maître.

La vigne, avec peu de raisins, a eu un temps assez favorable, sécheresse, chaleur et pluie favorable causée par le tonnerre. Le vin a été très cher. J’ai acheté quatre pièces de vin à Villiers d'Huisseau, qui me revenait à deux cent livres, les 4 pièces.

Le beau blé, après la Toussaint, a valu 8 à 9 livres la mine, l'avoine 3 livres la mine et aujourd’hui, 19 février 1742, le bon blé ne va plus qu'a cent sols parce que Paris a cessé de tirer des blés de l'Orléanais depuis plus d'un mois.

Les laboureurs ont eu peu de paille de blé et peu de fourrages d'avoine.

Depuis Noël 1741, les eaux, ont beaucoup diminuées dans cette paroisse ; ce qui peut être un pronostic pour une bonne année.

 

Année 1742

Il y a eu, dans le mois de janvier 1742, des gelées très fortes qui ont durés au plus 15 jours en deux fois, qui ont endommagés les blés derniers faits. Au mois de février 1742, 19 du même mois, le vent se trouva haut et bise et donna quatre jours de froid assez rude.

En cette année, le printemps, tout froid qu'il a été, s'est écoulé sans que les vignes aient été endommagées par les gelées. La fleur dé la vigne a eu un temps favorable, et, malgré les fraîcheurs de toutes les nuits du mois d'août, le raisin, poussé à sa maturité par quinze jours de beau temps du commencement de septembre a été en état d’être coupé vers la Saint Denis, 9 octobre. Il y a, eu grande quantité de vin, tant rouge que blanc, par tout le royaume, qui n'a pas eu grande qualité.

Depuis février 1742 jusqu'à ce jour, le bon blé s'est vendu depuis quatre francs jusqu'à cent sols ; il y a eu assez de blé dans les petites terres. Les terres blanches ont soufferts des fraîcheurs de toute l'année, et ainsi elles n'ont pas beaucoup rendu de blé. Le blé a diminué pendant le courant de 1742.

Les avoines ont encore manquées dans cette paroisse a cause de la sécheresse pendant l'été. Il n'y a eu que des pluies d'orages, et, comme il n'y a point eu d'orage dans cette paroisse, il n'y a point eu d'eau. Quelques paroisses comme Artenay et les environs ont été grêlées, les unes en entier, les autres en parties.

Commentaire : bise = vent du nord-est

 

Année 1743

L'avoine jusqu'à ce jour 22 janvier a toujours roulé sur le prix de quarante sols la mine, jusqu'à quarante cinq.

En cette année 1743, le beau blé a valu un écu de 3 livres. La bonne avoine trente sols. Le vin a été d'une meilleure qualité que l'année précédente, et n'a pas été cher parce que les vignes n'ont point été endommagées par la gelée.

Les eaux ont été très basses.

 

Année 1745

En cette année, l'hiver a été assez rude. Le mois de mars a été très mauvais. De la pluie presque tous les jours, un vent très froid, accompagné de gelée, neige et grêle. Les ouvriers de la campagne ont été très incommodés par l'intempérie de la saison et de l'air. Aussi, après cela, toutes les avoines ont très bien levés et ont faites au mieux jusqu'au trois de juin qui a été le dernier jour ou il soit tombé une pluie abondante dans celle paroisse.

Les avoines, de la fin de février, et du commencement de mars ont été très bonnes. Les dernières faites n'ont rien valu. Cependant l'avoine ne passait pas trente cinq sols au vingt janvier 1745, par ce qu'il y en a eu beaucoup ailleurs dans les pays où il est tombé de l'eau.

Le blé a fait très bien partout, et il y en a eu en tout pays en grande quantité. Aussi a t-il été a si bas prix que le meilleur en ce mois de janvier allait a peine a cinquante sols la mine, mesure de Beaugency et de Meung. Il y a eu encore beaucoup de blé noir en certains endroits.

La vigne n'a point eu, pour le général, d'accident fâcheux, tant par la gelée que la couleur. Elle se comportait au mieux et promettait d'excellent vin, jusqu'au premier octobre au soir, qu'il survint une tempête horrible, accompagnée d'éclairs, de tonnerre et de grêle qui a ravagée plusieurs paroisses des environs d'Orléans. Cette tempête a tellement dérangé le temps que les pluies ont continuées depuis jusqu'au mois de décembre, qui ont empêchées le vin d'avoir toute la qualité que l'on espérait, et qui ont mises plusieurs laboureurs hors d'état de faire des blés dans les terres blanches et autres terres fortes. Le vin n'a pas été cher, et celui de 1743, qui avait grande qualité, a beaucoup haussé de prix par l'incident des eaux continuelles tombées pendant, les vendanges. On a eu du vin, et bon, en ce pays ci depuis 30 livres jusqu'à 36 et 40 livres.

Cette année 1745 a été semblable aux années 1725 et 1735 pour les pluies continuelles et froides qui, dans les mois de mai et juin, ont fait couler la vigne, et, dans les mois d'août et de septembre, ont empêchés les raisins de parvenir a une parfaite maturité.

Le prix du vin vieux est monté jusqu'à 120 livres et celui du nouveau, qui était vert, est allé dans ces vignobles voisins à 50 et 60 livres.

La première semaine de la moisson a été belle, et la seconde et suivantes ont été si pluvieuses, qu'on a eu bien de la peine à serrer les blés.

Quelques blés ont germés sur le champ, et la farine seule de ce blé a fait de si mauvais pains, que les chiens et pourceaux n'en voulaient point. Mais, mêlée avec de la farine d'orge, elle rendait le pain moins mauvais.

 

Année 1746

Au mois de janvier 1746, le blé vieux valait 3 livres 12 sols, et le nouveau cinquante sols. Comme n'ayant pas de qualité, pour le blé mouillé on avait bien de la peine à le vendre. La misère du temps engageait quelques uns à en acheter par ce qu'on ne pouvait le vendre qu'à bas prix.

Pendant toute l'année 1745, le blé a été à très bon marché. L'hiver, ou la gelée n'a commencé qu'au 27 février et a été très rude jusqu'à la moitié de mars.

Sur la fin de l'année, il a gelé assez fort quinze jours avant Noël, et encore une quinzaine de jours depuis les Rois 1746.

Des vers, en plusieurs endroits, ont gâtés les avoines. Les vignes ont aussi été maltraitées par ces insectes, ce qui a causé une augmentation sur les vins et les eaux de vie.

 

 

Sources :

  • Archives Départementales du Loiret (Registres paroissiaux de Baccon : 1728 à 1740 et 1741 à 1760)
  • Loiret Généalogique
  • Gallica – Notes météorologiques…. Par M J Soyer