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Patay commémore les 110 ans de la statue de Jeanne d'Arc (2) : Les discours

Auteur : gaston  Créé le : 25/06/2023 16:34
Modifié le : 25/06/2023 16:38
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Nous reproduisons ci-après le discours de M.Louis LEGER maire de Patay après avoir reçu la statue de Jeanne d’Arc par la voix de Monsieur DAVIAU paru dans le Journal du Loiret du 25 juin 1913.

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La Place Jeanne d'Arc avant 1913

Monsieur le vice-président du Comité de la statue de Jeanne d'Arc,

C’est pour moi un honneur dont je suis fier de recevoir ce monument et d’en accepter la remise que vous voulez bien me faire au nom du Comité de la statue de Jeanne d'Arc.

Je vous promets que la municipalité de Patay, unie dans un même sentiment avec la population, l’entourera de tous ses soins et qu’elle veillera fidèlement à son entretien et à sa bonne conservation.

Les habitants, j’en suis certain, au souvenir de Jeanne d'Arc, ainsi que tous ceux qui se succéderont par la suite, se feront un scrupuleux devoir de continuer la même tradition, pour honorer, comme nous le voulons le faire nous-mêmes, la mémoire de notre immortelle héroïne.

La Minoterie  LEGER coté place Jeanne d'Arc

Monsieur le secrétaire général,

M. le préfet du Loiret avait bien voulu accepter la présidence de cette inauguration ; bien qu’il en ait été empêché au dernier moment, nous sommes heureux qu’il vous ait chargé de le représenter. C’est pour la population de Patay un honneur dont nous sentons tout le prix, c’estégalement, pour moi, une très agréable occasion pour vous dire combien nous lui sommes reconnaissants d’avoir été auprès des pouvoirs publics le bienveillant intermédiaire de la municipalité et du comité d’érection de ce monument.

Je suis heureux d’adresser les mêmes remerciements à M. Roy, député de notre circonscription, qui, avec une bonne grâce à laquelle nous avons été très sensibles, nous a accordé sans réserve son appui efficace, et j’ai le devoir de rappeler que c’est à son intervention que nous devons d’avoir obtenu la belle subvention qui nous a été accordée par l’administration des beaux-arts.

Nous avons trouvé également une précieuse collaboration auprès de MM. Les maires des communes du canton. Je leur dis un cordial merci, ainsi qu’aux conseils municipaux qui nous ont voté des subsides.

La Société du Souvenir français n’a pas voulu non plus se désintéresser de notre œuvre; ne pouvant nous accorder de subvention sur son budget, dont les ressources sont consacrées au but spécial et si patriotique que vous connaissez - l’érection et l’entretien de tombes et de monuments élevés en l’honneur des soldats morts pour la patrie - elle a eu la pensée d’ouvrir parmi les membres du comité d’Orléans une souscription qui a été d’ailleurs très fructueuse.

J’ai le plaisir d’adresser nos meilleurs remerciements aux délégués du Souvenir français d’avoir bien voulu accepter notre invitation d’assister à notre fête d’aujourd’hui et les prie d’être auprès du président du comité et de leurs co-sociétaires l’interprète de nos sentiments de gratitude.

La population de Patay, dans un élan à peu près unanime, ne nous a pas non plus ménagé son concours en s’inscrivant sur nos listes de souscription.

De différents côtés également nous sont parvenues des offrandes, quelques-unes fort généreuses même de personnes éloignées de notre pays et n’y ayant aucune attache.

À tous ces souscripteurs sans exception, j’adresse un très cordial et très sincère merci.

 

Mesdames

Messieurs,

Il me reste à remplir un impérieux devoir de gratitude envers celui qui a eu la noble initiative de ce monument et qui a voulu y consacrer un don important, premier fonds de notre souscription.

Né dans une maison non loin d’ici, sur cette place même, il avait, me disait-il à moi son compatriote, en me faisant part de son projet, au mois de mai de l’année dernière, caressé depuis longtemps cette pensée de voir son pays natal doté d’un monument à la gloire de Jeanne d'Arc.

Mais, hélas ! miné par un mal implacable, dont il prédisait lui-même avec une touchante sérénité l’issue fatale à brève échéance, il n’a pu, avant de mourir, qu’emporter une consolation : une des dernières joies de sa vie, en apprenant que le Conseil municipal de Patay avait adopté d’enthousiasme sa généreuse initiative.

Son nom est sur vos lèvres à tous, habitants de Patay, - et sans vouloir le dire moi-même ici, puisque telle a été sa volonté de rester modestement sous le voile de l’anonymat, - qu’il me soit tout au moins permis d’évoquer sa mémoire en mettant en relief sa belle pensée à l’égard de Jeanne d'Arc et de son pays natal ! Qu’il me soit permis de lui adresser l’expression de la plus vive et de la plus sincère gratitude de la municipalité, du Conseil municipal et de tous les habitants.

Mesdames,Messieurs,

Je n’ai pas la prétention de vouloir analyser ici la carrière glorieuse, l’œuvre grandiose del’héroïne que nous célébrons aujourd’hui. Qu’il me soit permis de rappeler seulement que c’est à elle que nous devons notre unité nationale par son dévouement poussé jusqu’à la dernière limite de l’abnégation, par l’exemple sublime qu’elle a donné à tous, elle a inspiré, elle a créé véritablement, en France, le sentiment de la patrie : à ce titre elle a droit à la reconnaissance éternelle de tous les Français et c’est avec raison que bientôt, sans doute, une fête nationale sera instituée en son honneur.

Ici, à deux pas de la plaine, où elle a remporté la plus belle victoire de sa carrière, où elle a, triomphant des envahisseurs dans une véritable bataille rangée, complétant l’œuvre si heureusement commencé par la délivrance d’Orléans, ne vous semble-t-il pas qu’un souvenir
durable devait lui être particulièrement consacré ?

L’œuvre, vous le voyez, est aujourd’hui menée à bonne fin, et ce monument qui vient de s’offrir à vos yeux, perpétuera à jamais le souvenir de la victoire du 18 juin 1429.

Honneur et gloire à Jeanne d'Arc, la victorieuse de la bataille de Patay !

Honneur et gloire à ses vaillants compagnons d’armes !


Ci-dessous le discours de Jacques SOYER archiviste du Loiret

 

Monsieur le Secrétaire général,

Monsieur le maire,

Mesdames,

Messieurs,

Ce n'est pas sans appréhension que je prends en ce moment la parole, car je ne dois point cacher que j'ai plus l'habitude de travailler dans le silence du cabinet que de discourir sur la place publique.

Jacques SOYER archiviste du Loiret en 1913

Si, malgré mon insuffisance oratoire, j'ai accepté, sans trop me faire prier, la très aimable invitation de M. le Maire de Patay, c'est que j'ai pensé que le conservateur des archives de l'Orléanais avait le devoir de prêter son modeste concours à cette cérémonie à la fois historique et patriotique.

C'était, d'ailleurs, pour moi, un réel plaisir de relire, à cette occasion, les oeuvres de mes «anciens» de l'École des Chartes, Jules Quicherat, Vallet de Viriville, Francis Guessard, Siméon Luce, Léopold Delisle, Germain Lefèvre-Pontalis, qui ont préparé les matériaux qui servent à édifier l'histoire critique de la Pucelle d'Orléans.

Sans ces érudits travaux, connus et appréciés d'un public assez restreint, nous n'aurions pu avoir sur Jeanne d'Arc ni les pages sublimes et toujours si vrais de Michelet, ni les belles études de Wallon, de Marius Sepet, d'Anatole France et de Gabriel Hanotaux.

Vous n'attendez pas de moi que je vous fasse ici la biographie mille et mille fois répétée de la vierge lorraine. Je me bornerai, — comme, du reste, je l'ai promis à M. le Maire, — à vous retracer, avec autant de précision que le permettent les documents contemporains, la célèbre bataille qui se livra à vos portes le samedi 18 juin 1429, et dont la commémoration nous réunit aujourd'hui.

Depuis la levée du siège d'Orléans, le 8 mai 1429, l'armée française n'avait remporté que de brillants succès. Elle était alors composée de 7 à 8,000 hommes. On y voyait côte à côte des Orléanais, des Chartrains, des Dunois, des Blésois, des Vendômois, des Berrichons, des Tourangeaux, des Manceaux, des Poitevins, des Bretons, des Gascons, — des Ecossais, surtout, en grand nombre, attirés par la haine du nom anglais, — et même des Espagnols, des Lombards et des Allemands. On peut dire, sans exagération, qu'on y parlait toutes les langues et tous les dialectes de l'Europe occidentale.

De ces éléments si disparates, le jeune duc d'Alençon, lieutenant-général de Charles VII, secondé par des capitaines aussi braves et aussi expérimentés que le bâtard d'Orléans et Raoul de Gaucourt, avait fini par obtenir, non sans efforts, une cohésion et une discipline admirables.

Quant à ce chef improvisé, que l'on appelait couramment « la Pucelle », il avait su rendre, depuis plus d'un mois, la confiance à tous ceux qui l'approchaient. Jeanne enthousiasmait son entourage et lui communiquait sa foi profonde dans la victoire. Un gentilhomme de l'armée royale, Guy de Laval, dans une lettre charmante écrite à sa mère le 8 juin, ne déclare-t-il pas que c'est « chose toute divine » d'entendre et de voir cette Pucelle, tout de blanc vêtue, montée sur un grand et fringant cheval noir, une petite hache à la main; tandis que son étendard est porté près d'elle par un gracieux page de quinze ans, Louis de Coûtes, surnommé Minguet, issu d'une famille chartraine ?

Jargeau avait été pris d'assaut le 12 juin ; le pont de Meung-sur-Loire avait été emporté le 15; Beaugency, assiégé le 17, ouvrait le lendemain matin, à la première heure, ses portes au duc d'Alençon et à Jeanne d'Arc.

Pendant ce temps, l'armée anglaise tenait la campagne sous la direction du fameux John Talbot. Ses troupes, composées en grande partie des débris de celles qui avaient investi Orléans, étaient très démoralisées.

Avec des renforts envoyés de Paris et d'Étampes par le duc de Bedford, régent du roi d'Angleterre, et commandés par John Falstaff, — le vainqueur de Rouvray-Saint-Denis à la «journée des Harengs» — cette armée, dont l'effectif était moindre que celui de l'armée française (5,000 hommes environ), avait projeté de se porter au secours de Jargeau; mais, arrivée trop tard, elle s'était en hâte rejetée sur la Beauce, puis s'était rapprochée de la Loire et se préparait à attaquer le pont de Meung, occupé par les Français, pour tâcher d'atteindre Beaugency par la rive gauche, lorsque Talbot apprit que la garnison de cette dernière ville avait capitulé.

C'est le samedi 18 juin, sur les huit heures du matin, que les Anglais reçurent cette mauvaise nouvelle: Ne se sentant plus en sûreté sur les bords de la Loire, ils évacuèrent Meung et s'empressèrent de battre en retraite vers le nord, dans la direction de Patay, afin de gagner, à l'abri des châteaux de Montpipeau et de Saint-Sigismond, occupés par leurs soldats, la voie antique de Blois à Paris, grâce à laquelle ils parviendraient facilement à Janville, importante place forte encore en leur pouvoir dans le duché d'Orléans.

Les troupes étaient ainsi disposées : l'avant-garde, puis l'artillerie, les convois de vivres et les marchands réquisitionnés ; ensuite la « bataille», c'est-à-dire le corps principal, conduite par Talbot, Falstaff, Thomas Rampston, Thomas de Scales ; enfin, l'arrière-garde, composée uniquement de gens d'armes d'origine purement anglaise.

Elles marchaient « en parfaite ordonnance » et se trouvaient aux confins du diocèse et du territoire d'Orléans, sur le territoire de la paroisse de Coinces, à peu de distance de Patay, paroisse et « gros village » du diocèse de Chartres et du comté de Dunois, dont on apercevait « moutier » fortifiée, dépendant de l'abbaye de Bonneval, lorsque les coureurs de l'arrière-garde signalèrent des cavaliers éclairant un gros de troupes : c'était l'armée française.

Voici ce qui était arrivé : Aussitôt après la reddition de Beaugency, le duc d'Alençon avait été averti des mouvements de l'armée ennemie. Fallait-il aller à sa poursuite?

Le lieutenant- général hésitait ; car, si les Anglais n'étaient plus à craindre dans la guerre de siège, ils étaient encore redoutés en rase campagne. On n'avait pas oublié la funeste rencontre du 12 février à Rouvray-Saint-Denis. Mais la Pucelle, consultée, opina pour la poursuite rapide et immédiate : « En nom Dieu!» s'écria-t-elle, « il les fault combattre; s'ilz estoient pendus aux nues, nous les arons ! »

Les cavaliers que les coureurs anglais venaient de signaler n'étaient autres que soixante à quatre-vingts éclaireurs détachés de l'avant-garde, forte de 14 à 1,500 combattants et dirigés par le valeureux capitaine gascon Etienne de Vignolles, dit La Hire. On y remarquait son frère Amador, son compatriote Poton de Xaintrailles, Jacques de Dinan, seigneur de Beaumanoi ; Ambroise de Loré, chevalier manceau ; Jamet du Tillay, écuyer ; Thibaud d'Armagnac, seigneur de Termes ; Jean de Brosses, sire de Sainte-Sevère et de Boussac, maréchal de France ; le connétable Arthur de Richemont, qui, bien qu'en complète disgrâce auprès du roi, avait tenu, avec un corps de Bretons, à rejoindre l'armée à la prise de Beaugency. Tous montaient les meilleurs et les plus agiles coursiers.

Le corps de bataille, qui suivait d'assez près, était conduit par le duc d'Alençon, le comte de Vendôme, la Pucelle, — fort irritée de n'avoir pas eu la direction de l'avant-garde —, Jean, bâtard d'Orléans, le maréchal de Retz, le maréchal de La Fayette, Louis de Culan, amiral de France ; le sire de Gaucourt, le sire d'Albret.

Quand Talbot apprit qu'il était poursuivi, il résolut de ne pas refuser le combat. Falstaff lui avait, cependant, remontré naguère qu'il était imprudent et dangereux d'attendre les Français, excités par leurs récents succès sur la Loire, et de risquer avec une armée découragée, fatiguée et battant en retraite, les dernières forces que l'Angleterre conservait dans l'Orléanais.

Les Anglais, après avoir franchi le bas-fond formé par le lit desséché de la Retrêve, abandonnèrent la route de Paris et se portèrent un peu au nord, sur le territoire de la paroisse de Patay, à l'orée d'un bois, — celui de Lignerolles, à n'en point douter, bien qu'il ne soit pas explicitement mentionné dans les textes —, afin de se retrancher solidement en un endroit qui est encore désigné au cadastre sous le nom de : « Grand réage du Camp ».

Pour y accéder, il fallait prendre le vieux chemin d'Orléans à Patay, resserré entre des haies et des buissons. C'est là que Talbot mit pied à terre et décida de tenir avec 500 archers d'élite jusqu'à ce que son arrière-garde eût rejoint le corps de bataille.

C'était l'après-midi, à 2 heures environ ; la température était accablante. L'avant-garde française, qui par Baccon avait gagné la route de Blois à Paris, en laissant un peu à gauche le bourg de Saint-Sigismond, venait de traverser celui de Saint-Péravy-la-Colombe sans apercevoir l'ennemi dans cette « belle Beauce », que les chroniqueurs français et anglo-bourguignons célèbrent à l'envi, quand un cerf sortit d'un taillis voisin et alla tomber au milieu du corps de bataille des Anglais. Ceux-ci, oubliant un instant qu'à la guerre on doit observer un silence absolu, poussèrent des cris de surprise à la vue de ce gibier inattendu.

Ces clameurs firent découvrir l'ennemi. Tout aussitôt l'avant-garde française, qui, certes, ne le croyait pas si proche, éperonna ses chevaux, arriva au grand galop sur les archers de Talbot qu'elle culbuta sans qu'ils eussent eu le temps de prendre leurs positions et de planter en terre les pieux aiguisés, qu'ils portaient toujours avec eux dans leurs marches, et derrière lesquels ils avaient coutume, au moment de l'action, d'attendre les charges de la cavalerie.

Les retranchements, dont l'installation commençait à peine, furent anéantis. L'avant-garde anglaise, apercevant Falstaff qui accourait vers elle pour l'amener au fort de la mêlée, s'imagina que tout était perdu et s'enfuit prise de panique.

Le gros de l'armée française, immédiatement averti, avait prestement rejoint son avant- garde. Les Anglais, déjà dispersés, furent massacrés sans grande résistance : 2,500 à 3,000 d'entre eux furent tués non seulement par les hommes d'armes, mais par les gens du pays ; 400 à 500 furent faits prisonniers, parmi lesquels les plus grands et les plus vaillants seigneurs d'Angleterre : Scales, Rampston, Gautier de Hungerford. Talbot, lui-même, dont l'attitude, il est juste de le reconnaître, fut celle d'un héros, finit par tomber aux mains des archers gascons de Poton de Xaintrailles.

De notre côté, les pertes furent insignifiantes : au plus, 20 tués tant Français qu'Ecossais.

Plusieurs gentilshommes, dont un Beauceron, Gilles de Saint-Sigismond, furent, en récompense de leur bravoure, faits chevaliers sur le champ de bataille.

La poursuite des fuyards se continua jusque sous les murs de Janville, dont la population, en apprenant la « desconfiture» anglaise, refusa d'ouvrir ses portes. L'écuyer, commandant la forteresse au nom du duc de Bedford, se vit contraint de se rendre aux Français, le soir même.

Au su de cette affreuse déroute, les garnisons anglo-bourguignonnes de Montpipeau et de Saint-Sigismond s'enfuirent terrorisées, après avoir incendié les châteaux qu'elles occupaient. Quant à Falstaff, plus heureux que Talbot, il réussit à s'échapper avec 700 ou 800 cavaliers et, vers minuit, arriva à Étampes, la rage au cœur.

Le duc d'Alençon, le comte de Vendôme, la Pucelle, Arthur de Richemont et leurs troupes couchèrent sur le champ de bataille, « car bien estoient las et avoient eu grant chaud », dit le chroniqueur Gruel, attaché à la personne du connétable.

Le lendemain dimanche, après avoir diné à Patay, ils entrèrent triomphalement à Orléans, suivis d'un riche butin et de leurs prisonniers, qui, pour la plupart, recouvrèrent la liberté moyennant fortes rançons.

Cette bataille, — de minime importance au point de vue purement militaire, étant donné le nombre peu élevé de combattants, — eut un effet moral véritablement prodigieux: Tous les Français, dès lors, crurent à l'intervention miraculeuse de la Pucelle, comme tous les Anglais furent assurés de sa mission diabolique.

Le prestige de l'armée ennemie s'évanouit tout à coup : Ces Anglais, qui, grâce à l'habile emploi des armes de trait, à la solidité de leur infanterie, à l'excellence de leur tactique, avaient acquis dans les combats en plaines une réputation méritée et consacrée par les défaites sanglantes qu'ils nous avaient infligées à Crécy, à Poitiers et à Azincourt, ces Anglais, dis-je, avaient été taillés en pièces par une simple avant-garde !

La victoire du 18 juin 1429 terminait cette magnifique campagne de la Loire, menée avec une foudroyante rapidité : Elle était l'heureux présage de la libération prochaine du territoire.

Il faut féliciter hautement, Mesdames et Messieurs, la Ville de Patay d'avoir enfin, à l'exemple d'Orléans, de Jargeau, de Beaugency, de Janville, érigé ce monument à l'héroïne de dix-huit ans, en qui s'incarna, au XVe siècle, l'idée — encore si obscure et si confuse pour le
grand nombre — de la Patrie française.

Cette statue ne perpétuera pas seulement le souvenir de la victoire remportée sur les Anglais ; elle nous rappellera aussi qu'aux époques les plus troublées de notre histoire, aux temps où l'existence du Pays a été en jeu, c'est toujours dans cette Beauce plantureuse que s'est fait l'effort suprême.

Il n'y a pas, en effet, dans toute cette région, une ville, un village, un hameau, un château même, dont le nom ne soit écrit dans nos Annales aux jours glorieux du printemps de 1429, comme aux jours de deuil de l'automne et de l'hiver de 1870.

Des applaudissements chaleureux prouvent à M. Soyer combien a été goûté son récit qui fixe les conditions dans lesquelles le combat de Patay s’engagea. Il reçut les félicitations de M. Leger, de M. Virenque.

Pendant que la musique d’infanterie joue la Marche Lorraine, le drapeau des vétérans vient s’incliner devant la statue et une palme est déposée à côté des magnifiques couronnes offertes : la première, en fleurs naturelles, par la ville de Patay, la seconde, en perles, par le «Souvenir français», à Jeanne d'Arc victorieuse à Patay 18 juin 1429.

 

L’inauguration est terminée ; pendant que le cortège rentre en ville, la foule entoure la
statue et ne cesse de manifester son admiration ; en même temps elle renseigne sur l’incident
provoqué par le secrétaire général de la préfecture et blâme nettement ce fonctionnaire d’avoir
jeté le trouble là où il n’y avait que paix et union.


Vers 5 h1/2, toute cette foule se retrouve près de la halle où l’excellente musique du 131
e donne, sous la direction de son chef distingué M. Briol, un concert très goûté et applaudi