Rechercher un article, un évennement, un acteur à l'aide de mots clé    

Extrait des Notes d' Henri JULLIEN chef des Résistants de Saint Péravy la Colombe

Auteur : Admin  Créé le : 13/08/2019 14:37
Exporter l'article au format pdf

à l'occasion du soixante quinzièmz aniversaire de la libération de Saint péravy la Colombe, LBE publie un extrait des notes du chef des Résistants de cette commune, aimablement communiqus par sa famillr

Extrait des Notes rassemblées par Henri JULLIEN

chef de la résistance à Saint-Péravy-la-Colombe

août 1944

 

 

Le 8 août, arrivée chez Madame MARIN des hommes de la Résistance de Saint-Jean-de-la-Ruelle (groupe LEBRUN), sous les ordres du sergent RIFFAUX. J’entre en contact avec eux ainsi que mes deux fils et M. LAVERE, et leur montre un endroit d’où ils pourront prendre la garde sans être inquiétés. Ils mangent et couchent chez Mme MARIN et je leur donne du vin pour les hommes restés au bois de Cornay.

 

Le 9 je leur donne une mitraillette, un revolver anglais qui m’avait été donné pour l’accomplissement de mes missions. Je leur donne également un fusil Lebel, trois mousquetons dont un donné par BRIOCHE et plusieurs revolvers français, avec munitions pour toutes ces armes. La nuit, les hommes montent la garde dans la boucherie (de Mme Marin).

 

Le 10 et 11, le soir, nettoyage des armes chez Mme MARIN.

 

Le 12, je leur présente M. LEPRINCE Pierre qui, depuis deux ans, quoique faisant partie d’un autre groupe, m’accompagne dans mes missions et ces derniers temps allait travailler seul.

M. DENIAU, HUTTEPIN Elie, Sylvie, et COUTANT et COLLANTE Pierre, qui depuis près dun an me parlaient d’organiser un centre de résistance sans savoir que j’en faisais partie, se joignent à moi ainsi que BOISSONNET André et COLLANTE Pierre.

 

Le 13 et le 14, toujours pareil.

 

Le 15, j’étais de garde pendant que les hommes de la Résistance de Saint-Jean-de-la Ruelle se reposaient.

A 18h30 : arrivée des Américains. Je les aperçois sur la route de Tournoisis à 1 kilomètre. Je réveille les hommes et nous allons au devant d’une voiture qui s’était détachée pour venir visiter le Pays; après nous avoir demandé s’il y avait des Allemands, elle est repartie vers les tanks qui se sont mis en route, ont traversé le bourg se dirigeant vers Chesnes, Coinces et Sennelay. Il en a passé le reste de la soirée.

Vers 19h30, un convoi était arrêté dans le Pays. Un jeune homme faisant partie de la Résistance depuis le 10 août (précédemment à Fontainbleau), habitant le hameau du Nuisement, voit sortir du bois dit des sapins une quarantaine d’Allemands déployés en tirailleurs et se dirigeant vers Saint-Péravy. Malgré les ecommandations de son père et de ses cousins, de rester près d’eux, toujours dévoué et n’écoutant que son courage, il s’élance sur la route très découverte pour prévenir le chef de la Résistance, dont il fait partie et tombe après trois rafales de mitrailleuse, le corps transpercé de cinq balles dans la région cardiaque et quatre dans les membres inférieurs. La mort a été instantanée.

 

Le jeune homme, BOISSONNET André né le 20 avril 1922 à Fontainebleau (Seine-et-Marne), a travaillé en Allemagne du 13 novembre 1942 au 13 août 1943. Depuis il vivait avec un carnet d’identité N° 3171 au nom de LECOURT Henri, manutentionnaire né le 26 avril 1919 à Argentan (Orne). Il avait été à differents endroits travailler dans le Loiret, Eure-et-Loir et Seine-et-Marne.Il était rentré chez son père il y a une huitaine de jours.

L’ayant su j’avais été le trouver pour connaître ses intentions et le 10 août je l’avais prévenu de se tenir à ma disposition, ce qu’il fit.

A la même heure un camion (WH 538 482 son immatriculation) et une remorque chargée d’Allemands, une quarantaine environ armés de mitrailleuses, fusils et grenades, arrivaient par la route de Patay; en arrivant sur la place, se trouvant en face d’autos blindées américaines, ils ouvrent le feu. Trois autos blindées ripostent à la mitrailleuse dans le camion. Le conducteur étant tué ils viennent se jeter sur une auto.

A ce moment, les hommes de la Résistance, qui étaient en train de fouiller juste en face une maison habitée par les Allemands 2 heures avant, s’élancent après les fuyards, en tuent et blessent plusieurs. Cinq étant entrés chez M. COUTANT et cachés dans l’appartement et sous les lits sont repris. Un seul, voulant faire usage de ses armes est tué. Plusieurs ont pu prendre la fuite en traversant des cours donnant dans les jardins et les champs.

Total : 8 morts, 13 blessés, 13 prisonniers. 2 blessés meurent ensuite dans la nuit.

Belle conduite de Saïd et Mohamed et des quelques hommes de la Résistance se trouvant sur les lieux.

 

La nuit, nous montons la garde autour du Pays et sur les routes donnant accès au bourg. Dans la nuit un accident se produisit.

Deux hommes de garde dans le Pays, n’étant pas de faction, venant d’être relevés, entrent prendre un verre, ils étaient armés. JULLIEN André avait une mitraillette allemande qu’il venait de récupérer dans un camion allemand, et ALLEZY Henri; au moment de quitter la table, la mitraillette de JULLIEN s’arma et le coup parti, blessant ALLEZY Henri qui venait de se lever.

 

Le 16 août au matin, les hommes de garde dans le Pays voient arriver une auto sur la route de Patay. Ils tirent une rafale de mitraillette et de fusils. L’auto stoppe, il en descend un Allemand nu tête habillé d’une combinaison bleue et sans arme. Ils l’amènent au poste où il y avait les treize prisonniers de la veille. Je reconnais en lui, un ouvrier qui était au Pays depuis plusieurs mois et qui parlait très bien le français. Je causais avec lui assez souvent car il me donnait à chaque fois des renseignements sur la marche du camp et l’aviation, et il voulait que je le garde comme prisonnier en attendant l’arrivée des Américains. D’après lui, beaucoup de ses camarades auraient également voulu être fait prisonniers mais il leur était répété presque à tous les rapports que les Américains n’en faisaient pas.