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L'histoire de Cléry-Saint-André par Alice Mallet

Auteur : Admin  Créé le : 10/03/2024 10:31
Modifié le : 18/03/2024 13:37
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Dans le cadre de l'Assemblée générale ordinaire de l'association "Racines su Pays Loire Beauce", Alice Mallet directrice de l'Office du tourisme de la communauté de communes "Terres du Val de Loire" a présenté l'histoire de Cléry-Saint- André. Ci-dessous un résumé de cette riche conférence. 

Cléry-saint-André, est une commune de plus de 3500 habitants, située entre le Val de Loire et le nord de la Sologne dans l’ouest du Loiret.

A l’origine, Cléry et Saint-André sont deux villages distincts. Saint-André, étant un petit village vigneron et Cléry un bourg, développé autour de la basilique et le long de la route (actuelle D951, ancienne voie romaine, route royale et nommée selon les époques « Grande Route d’Espagne »).

Au moment de la Révolution, la paroisse de Saint-André perd son emplacement originel. Elle est déplacée dans la collégiale, située dans le bourg de Cléry. A cette occasion, le village prend le nom de Cléry-Saint-André.

Le bourg de Cléry est très marqué par le passage de la route, axe principal de communication sur les rives de la Loire à l’ouest d’Orléans jusqu’au XVIIIe siècle. La longue succession de maisons est en partie dédiée aux services aux voyageurs. On y trouve notamment les pèlerins empruntant le voie de Tours (via Turonensis) et venant se recueillir au sanctuaire marial de Cléry, mais aussi les voyageurs en tout genre, ainsi que des coursiers à cheval. La poste aux chevaux, établie par Louis XI au lendemain de la Guerre de Cent Ans, emprunte les routes royales d’alors, dont celle traversant Cléry fait partie.

Au milieu du XVIIe siècle, une quinzaines d’établissements (auberges, cabarets, tavernes, etc.) occupent ces maisons. La maison appelée « La Belle Autruche », au carrefour entre la D951 et la route de Meung, est un beau témoignage d’une maison à cour, une auberge ayant été relais de poste au XVIIe.

Une des ressources de l’Orléanais a été pendant de nombreux siècles la culture de la vigne. Aujourd’hui, deux AOC (Orléans et Orléans-Cléry) occupent une zone principalement centrée les communes de Cléry-saint-André, Mareau-aux-Prés, Mézières-lez-Cléry, Olivet et Saint-Pryvé-Saint-Mesmin. Pour en savoir plus sur cette histoire, nous renvoyons à la conférence donnée par Anne-Marie Royer-Pantin dont une partie des propos a été retranscrits sur le site internet de l’Office de Tourisme des Terres du Val de Loire (https://www.tourisme-terresduvaldeloire.fr/vins-orleans-clery), ainsi qu’au dépliant « Entre Loire et Sologne, une petite appellation qui a tout d’une grande », disponible sur le site internet également.

La basilique de Cléry-saint-André :

En découvrant le village, on ne peut passer à côté cette vaste et imposante église de presque 80 mètres de long et atteignant 27m sous voûte. De style gothique flamboyant, elle a été popularisée par la comptine “Carillon de Vendôme”, dont la mélodie résonne toujours aux clochers des villes d’Orléans, Beaugency, Cléry-saint-André et Vendôme.

Cet édifice a d’abord été une collégiale avant de prendre le statut de basilique avant la fin du XIXe siècle. Sa construction s’étend du début du XIVe siècle au début du XVIe.

En 1280, il est rapporté la découverte de la statue miraculeuse. Selon la légende, c’est un laboureur qui fait la découverte de la statue. Un premier sanctuaire se développe en 1302 grâce à la fondation de la collégiale par testament le seigneur d’alors, Simon de Melun, seigneur de La Salle (lieu-dit local).

Le sanctuaire bénéficie de nombreuses donations et libéralités qui lui permettent de se développer au début du XIVe. Une des donations les plus importantes reste celle du roi Philippe IV Le Bel, permettant d’atteindre le nombre de dix prébendes de chanoines. Un édifice occupe donc le bourg de Cléry dans le premier quart du XIVe siècle, lorsque la Guerre de Cent Ans et la présence des Anglais se fait plus importante. En 1421, les troupes de Salisbury s’installent à Beaugency. Ces troupes effectuent des raids dans les alentours, occasionnant des destructions. En 1428, un an avant le passage de Jeanne d’Arc sur son chemin pour Orléans, la collégiale est prise pour cible. Elle est incendiée et ruinée. De cette époque ne subsiste que le clocher nord, visible depuis la route.

La renaissance de ce sanctuaire à la Vierge est liée à trois personnalités de la Guerre de Cent Ans : le roi Charles VII (1403-1461), sous le règne duquel commence la reconstruction, Jean de Dunois (1402-1468), bâtard d’Orléans qui eu un rôle majeur et y fit construire une chapelle pour son tombeau, ainsi que le roi Louis XI (1423-1483), d’abord Dauphin puis roi incontournable pour Cléry: il fait de la collégiale son tombeau, pas de côté dans la tradition royale des Valois (habituellement inhumés dans la basilique de Saint-Denis).

Dès 1433, les privilèges des chanoines de la collégiale sont confirmés par Charles VII.

En 1443, le Dauphin Louis se trouve à Dieppe, assiégé par les troupes anglaises, accompagné de Jean de Dunois. A la suite de ce siège et sur les conseils de Dunois, le Dauphin s’engage par vœu à reconstruire le sanctuaire détruit de la Vierge à Cléry. C’est un acte important appelé le Vœu de Dieppe, qui marque l’attachement fort du futur roi à ce sanctuaire.

Dès 1444, Dunois et sa femme Marie d’Harcourt octroient des rentes aux chanoines, période où l’on commence à reconstruire.

Nous pouvons retenir trois grandes phases de construction du bâtiment actuel :

  • Dans les années 1444 à 1450, grâce aux différents dons, le chœur et le transept sont érigés.
  • Dans les années 1460 à 1470, 4 travées de la nef sont achevées.
  • Juste après 1482, sur demande directe du roi Louis XI, trois travées (« quatre piliers » d’après sa lettre à Jean Bourré, 9 septembre 1482), l’édifice atteint sa longueur actuelle.

En 1461, Louis XI devient roi, puis fait de la collégiale une Chapelle Royale en 1467. C’est également à cette date que le roi décide de faire de Cléry son lieu de sépulture.

En 1483, après une fin de vie marquée par la maladie, le roi s’éteint. La reine, Charlotte de Savoie, rejoint son époux la même année. Ainsi, le caveau présent dans la nef abrite les deux sépultures royale.

Un document intéressant concernant la fin de l’aménagement de l’église est la lettre à Jean Bourré du Plessis en date du 9 septembre 1482, écrite par le roi à Cléry:

Monsr du Plessis, j’ay délibéré de faire acroistre l’eglise Nostre Dame de Clery de quatre pilliers”

“Aussi advisez comme se feront des galleries que je vueil faire faire ceans au long de ma maison du costé du jardin (...)

‘Je vueil faire faire les offices et une petite estable pour mes mulles”

Lettres de Louis XI, roi de France. T. IX. Lettres de Louis XI, 1481-1482 / publiées d'après les originaux pour la Société de l'histoire de France, par Joseph Vaesen et Étienne Charavay, 1905 (numérisé sur Gallica.fr

Le tombeau :

Le tombeau royal est composé de deux parties : le caveau et le cénotaphe, sculpté. L’accès au tombeau est entravé par une grille pour des raisons de sécurité. Situé sous le sol de la première travée de la nef, côté nord, il se compose d’une petite salle de quelques mètres carrés, occupé par le tombeau royal. Les murs sont peints de noir (litre funéraire) et des armes des occupants. Le tout est orienté vers un des piliers du transept, soit l’emplacement médiéval de la statue de la Vierge.

Une sculpture en bronze doré et cuivre émaillé, représentant le roi en orant ornait le tombeau. Cette statue a été détruite en 1562 par les Huguenots, mais nous en conservons un dessin.

Le cénotaphe actuel, quant à lui, est plus récent. Ce monument sans dépouille se situe légèrement de côté, orienté vers la disposition actuelle de la statue de la Vierge (sous un maître-autel datant du XIXe siècle). En 1622, un monument de marbre est commandé par Louis XIII à Michel Bourdin, sculpteur orléanais. Il est à son tour dégradé pendant la Révolution. Au réaménagement de l’église au XIXe siècle, il est restauré et un nouveau socle lui est adjoint. 

La statue de la Vierge de Cléry :

La statue de la Vierge connaît elle aussi plusieurs états. En 2023, elle est restaurée par Laure de Guiran, qui a pu réaliser une étude poussée de l’objet. L’actuelle statue ne serait donc pas celle de 1280, supposément détruite par le feu pendant les Guerres de Religion. Cette statue de bois date du XVIe siècle, mais son style archaïque laisse penser qu’elle imite la statue originelle, bien que la position de l’enfant ait évolué. En 1670, cette statue a connu l’évènement appelé « Miracle des Larmes », lorsque la statue s’est mise à pleurer en présence de chanoines, puis d’une large foule.

La Vierge de Cléry connait encore de nos jours une grande ferveur. Le pèlerinage de la Nativité le 8 septembre est un temps fort de la vie spirituelle de l’édifice.

Les chapelles :

La basilique de Cléry-saint-André comporte 4 chapelles, sur le flanc sud de l’édifice. Les chapelles ont été construites de façon progressive et chronologique pour la plupart.

La chapelle de Villequier, actuelle sacristie et oratoire de Louis XI, date des années 1450, soit au moment de la reconstruction du chœur et du transept. Elle possède un étage auquel on accède par un escalier en vis, qui a la particularité d’avoir un noyau hélicoïdal à vide central. L’étage a pu être occupé par le roi Louis XI, pour ses prières, pour suivre l’office, ou encore comme lieu de travail. Par la suite, cette pièce a pu servir de « librairie » pour les chanoines.

La chapelle de Dunois ou de Longueville, a été ordonnée par Jean de Dunois. Construite entre 1464 et 1468, elle possède une voûté tripartite qui s’appuie sur le contrefort sud du bas-côté. On attribue ce choix à Simon du Val, architecte de Dunois, et on rapproche ce choix de celui, similaire, fait à la chapelle du château de Châteaudun, résidence principale de Dunois.

La chapelle Saint-Jacques a été ajoutée après la fin des travaux de l’ensemble. Elle date du début du XVIe siècle et possède la voûte la plus développée de la basilique : une voûte d’ogives quadripartite, mais démultipliée par des nombreux liernes et tiercerons, ainsi que des clefs de voûtes pendantes.

La chapelle Saint-Barbe, quant à elle, date du XVIe siècle et a été rajoutée dans le déambulatoire, en amont de la chapelle de Villequier. De plan hexagonal, elle présente un voutain plat, rompant avec la voûte de la chapelle Saint-Jacques.

Dans le village…

En se promenant dans le village de Cléry, le long de la rue du Cloître, vous découvrez le square Saint-Jacques. Au sein de cet ancien jardin se trouve la borne-girouette dédiée aux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Elle date de 2015 et a été réalisée par Yann Hervis, artiste plasticien d’Orléans. C’est également l’artiste derrière la création des clous urbains d’Orléans, ainsi que du parcours des Témoins (parcours de découverte du centre ancien). L’œuvre est composée de trois cylindres en acier corten, emboîtés. Le premier cylindre a été gravé au laser de symboles en lien avec le pèlerinage. Le second est en acier corten gris et symbolise les difficultés du trajet liées aux dénivelés. Le troisième est un support pour une girouette composée d’un arbre à deux facettes, allusion à la Sologne.

Un peu plus loin, vous découvrez la place De Gaulle, ancienne rue de la Gare. On ne voit plus de traces de l’ancienne gare de tramway (du réseau des Tramways de Sologne, entre Loiret et Loir-et-Cher) qui a occupé l’espace entre 1905 et 1935. Un panneau installé récemment vous explique cette histoire – deux rails sont installés sous le panneau et illustrent cette ancienne fonction de la place.

Aujourd’hui, seule la gare de Dry, commune voisine, subsiste dans les alentours proches. Un projet de restauration est en cours, l’inauguration devrait avoir lieu en 2024.

Alice Mallet

Février 2024

Communauté de Communes des Terres du Val de Loire, Office de Tourisme