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petit Journal N°18 Page 2

Auteur :  Créé le : 05/01/2016 16:07
Modifié le : 05/01/2016 16:10
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Retour en arrière. 22ème Jeudi de l’Histoire. ‘’ Personnages insolites’’. 12 mars 2015

Jean Créteur, un enfant de la balle

Jean Créteur est issu de deux grandes familles d’artistes itinérants. Il nait le 14 octobre 1922 au sein de la troupe de son grand-père maternel dans la caravane de ses parents, Arthur Créteur et Blanche Cavalier. Il entame alors sa carrière de comédien. Il est le bébé que Marie-Jeanne abandonne ne pouvant plus le nourrir, blanche de Nevers dans les bras de Lagardère, Cosette confiée par Fantine aux infâmes Thénardier. Plus tard, dans la troupe de ses parents qui prennent direction à leur tour, il enchaine les rôles d’enfants. Gavroche, Poil de carotte, le Petit Jacques etc. … enrichissent son répertoire. Puis la famille s’agrandit avec la naissance de Sonia qui suivra le même parcours que son frère avec toute la rigueur parentale qu’exige la profession. Il ya des heures difficiles. Les enfants doivent connaitre leurs rôles par cœur, les exprimer avec conviction, et comme tous les enfants, se lever tôt le matin pour partir à l’école.

Jean a 15 ans lorsqu’il est remarqué par le comédien Pierre Brasseur qui a assisté à plusieurs représentations et qui souhaite le présenter à un metteur en scène qui cherche un jeune ado pour trois de ses prochains films. Mais les parents refusent. Cet refus sera pour Jean l’un des plus grands regrets de sa vie.

1939. Le théâtre continu son chemin qui le conduit à Beaune-la-Rolande. Jean fait la connaissance d’une charmante spectatrice, Solange. Elle a 15 ans, Jean 17 et Cupidon a lancé sa flèche.

On les surnomme les Roméo et Juliette de Beaune.

La guerre éclate. Arthur est mobilisé. C’est l’exode, la capitulation et le retour au bercail.

En 1942, Jean, fiancé à Solange, est requis pour le STO. Envoyé à Bordeaux avec quatre de ses camarades, il s’évade et rentre dans la clandestinité puis dans le maquis de Lorris. Une chance insolente lui permet de figurer parmi les 17 survivants du terrible massacre du carrefour d’Orléans.

Jean et Solange

Le 9 septembre 1944, Jean épouse Solange et écrit sa première pièce « Ceux du maquis » qui remplit les salles et provoque de vives réactions dans le public.

Jean et Solange ont deux filles. Sonia convole à son tour et donne naissance à deux garçons. Petit à petit, la troupe devient totalement familiale.  Mais les temps deviennent difficiles pour les petits théâtres de province. Ils ne bénéficient d’aucune subvention, ils sont surchargés de taxes et les places qui pouvaient les accueillir sont transformées en parking ou en construction HLM. Les troupes s’amenuisent et disparaissent. Le théâtre « Créteur-Cavalier »est le dernier à rendre les armes. Le théâtre est remisé et Jean trouve un emploi dans une usine.

Mais le théâtre est toujours présent dans la vie de Jean. Aux côtés de Michel Portier professeur de français, il anime l’atelier théâtre du collège d’Artenay. Plus tard il assurera la mise en scène des spectacles de l’association « les Forains du Paradis ». En 1989 il écrit et enregistre le dialogue pour le bicentenaire de la Révolution au château d’Auvilliers à Artenay et réitère en 1994 pour le 50ème anniversaire de la Libération. En 1997 il est promu chevalier des arts et des lettres et reçoit la médaille Beaumarchais. Il consacre les dernières années de sa vie en participant à la création d’un musée qui retrace la vie des comédiens itinérants. Hommage posthume enfin rendu, dira-t-il, comme moutarde après rôti.

En 2001, il publie son livre « Mon Théâtre forain » témoignage de la passion de toute une vie :         

le théâtre.

Lydia METAIS