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Petit Journal N°14 Page N°4

Auteur : Poulot  Créé le : 23/03/2015 10:27
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LOUIS-JOSEPH  SOULAS,  PEINTRE-GRAVEUR  BEAUCERON

(1905-1954)

 

 

L-J Soulas (3).jpgLouis Joseph Soulas, né en 1905 à Orléans, est un vrai beauceron, comme l’attestent des recherches généalogiques qui ont permis de retrouver des Soulas établis à Coinces en 1649. Installé au hameau de Lignerolles, où Louis-Joseph, aîné de cinq enfants, passera toute son enfance, allant à l’école à Patay, son père, Samuel, exploitait une petite ferme, tout en exerçant le métier d’apiculteur. Passe-temps peu banal pour un paysan beauceron, il aimait dessiner. Louis-Joseph dira plus tard : « je regardais mon père dessiner, et cela m’a donné le goût du dessin ».

 

Devant les dispositions de l’enfant, Samuel, l’inscrit en 1917 à Paris à l’école de dessin des Gobelins, Louis-Joseph a 12 ans. L’année suivante, il entre à l’Ecole Estienne, où une place est vacante à l’atelier de gravure sur bois, et où il aura comme professeurs Léon Jouenne, Henri de Waroquier, Mathurin Méheut… Il y reste quatre années.

 

Dès sa sortie de l’Ecole Estienne, en 1922, Mathurin Méheut, conscient du talent de son élève, le fera participer à l’illustration d’ouvrages publiés par les Editeurs d’Art parisiens Mornay, « Le gardien du feu » d’Anatole Le Braz et « La Brière » d’Alphonse de Châteaubriant, dont il est lui-même l’illustrateur. Devant la qualité du travail de Soulas, A. et G. Mornay lui confient alors l’illustration de « Jacquou le croquant » et « Le Moulin du Frau » d’Eugène Leroy. Soulas va graver ses propres compositions et, pour s’imprégner des romans, partira au Périgord, où se passe l’action.  Mais sa notoriété ne s’affirmera que quelques années plus tard, avec l’illustration de « Raboliot », roman pour lequel Maurice Genevoix vient d’obtenir le prix Goncourt en 1925.

 

Entre temps, au service militaire, Soulas a rencontré le graveur André Jacquemin, d’un an son aîné, qui deviendra son ami et lui fera découvrir la gravure sur cuivre. Mais au lieu de pratiquer la technique de l’eau-forte ou de la pointe sèche, où déjà excelle Jacquemin, Soulas attaquera le métal au burin, comme il a appris à graver  le bois. En 1928 il publiera ses premières œuvres sur cuivre : un recueil de 25 gravures représentant des paysans beaucerons.

 

A partir de ce moment son ascension va être rapide. Cette année 1928, il participe avec onze autres jeunes graveurs à la création de « La Jeune Gravure Contemporaine », société qui existe encore aujourd’hui. Il est déjà membre de nombreuses sociétés de graveurs : « Société des Peintres Graveurs Français », « Salon d’Automne », « Société Nationale », « Salon National Indépendant » où ses œuvres sont exposées, tant en France qu’à l’étranger. Il expose également régulièrement à Orléans, et à Paris où la Galerie Marcel Guiot est dépositaire de ses œuvres. Son activité devient florissante et en plus de ses œuvres personnelles il va illustrer de nombreux ouvrages. En 1932, le Conseil supérieur des Beaux-Arts lui décerne une Bourse Nationale de Voyage pour la gravure. La Chalcographie du Louvre lui achète des œuvres. Très vite il est reconnu par la critique unanime.

 

Attaché à la Beauce de son enfance, il a conservé à Lignerolles la « Miellerie » où son père « faisait » le miel ; il aimait dire « je laboure le cuivre avec mon burin comme mon père labourait la terre avec sa charrue ». En 1933, il épouse Simone Domergues avec laquelle il aura six enfants. En 1938 il est sélectionné pour représenter la gravure française à la biennale de Venise. C’est à cette époque qu’il rachète, pour le sauver, le moulin de Lignerolles voué à la destruction, le moulin de son enfance, qu’il a tant représenté dans ses œuvres. Cette même année il est nommé par Jean Zay Directeur de l’Ecole des Beaux-Arts d’Orléans. Puis à trois reprises, il fait partie du jury pour le prix de Rome de gravure. Et en 1950 il est décoré par Maurice Genevoix de la croix de chevalier de la Légion d’Honneur.

 

Malheureusement, le 26 Mars 1954, à 49 ans à peine, la mort viendra le frapper brutalement, en pleine possession de son art, sur un quai de la gare d’Austerlitz, alors qu’il s’apprête à rentrer à Orléans. Il nous laisse une trentaine d’ouvrages illustrés, et environ cinq cents planches dans la plupart desquelles il chante sa Beauce natale. Avec lui vient de disparaître l’un des meilleurs burinistes de notre temps.

                                                                                                                                                               André Soulas            

                                               

En haut : « Le sentier vers les fermes » gravure au burin (1943) - Les fermes de Roumilly. 

En bas : « Les gerbes noires » gravure au burin (1952) - Le moulin de Soulas à Lignerolles.

 

Pour faire plus ample connaissance avec Louis-Joseph Soulas, visitez son site internet  www.ljsoulas.fr