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Saint Péravy la Colombe commémore le 75ème anniversaire de sa libération

Auteur :  Créé le : 15/08/2019 14:21
Modifié le : 23/08/2019 20:54
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Ce 15 août 2019, Saint Péravy la Colombe a rendu hommage , lors des cérémonies de commémoration du soixantequinzième anniversaire de sa libération le 15 août 1944, à ses Résistants et à André BOISSONNET, abattu ce jour là et dont une rue portera désormais son nom. LBE reproduit ci-dessous l'histoire de cette libération présentée par Franàois POINTEREAU président de "Racines du Pays loireBeauce"

Hommage à André BOISSONNET

et aux Résistants de Saint-Péravy-la-Colombe

 

 

           En ce 15 août 1944, dans la France occupée, les villages continuent de vivre à leur rythme en s'adaptant tant bien que mal aux contraintes imposées par l'occupant, et notamment l’heure allemande en avance de deux heures sur l’heure française traditionnelle.

 

              A Saint-Péravy-la-Colombe comme dans toute la Beauce, il fait une bonne chaleur qui pourrait peut-être déboucher sur un orage dans la soirée. Il est quatorze heures, les rues sont quasiment vides, les habitants restant chez eux, dans leur maison aux volets fermés, pour garder la fraîcheur. Cependant, non loin du carrefour, au début de la route qui mène à Saint-Sigismond, le jeune André GRENET constate une certaine animation, en face du bar de ses parents. La raison : un prunier chargé de fruits, en limite du mur de clôture dans la propriété de Maître DESFERTILLES, qui visiblement, ravissent les « occupants ». Il est seul avec sa maman, son père Kléber GRENET a profité de ce jour férié pour rendre visite à des cousins à Bucy-Saint-Liphard. Il est parti, à bicyclette, juste après le déjeuner.

 

                 Chez les COUTANT, André, le chef de famille a lui aussi pris son vélo et s'est rendu au marché de Patay, qui, en ce mardi 15 août, a bien lieu. Serge COUTANT est lui aussi au côté de sa maman. Le bar étant occupé par l’ennemi, ils se sont installés dans la salle du rez-de-chaussée de l'ancien Café DUBOIS-PERRUCHET où ils ont été contraints de trouver refuge.

 

               Dans le parc du notaire comme dans la cour des COUTANT, des camions-citernes de carburant destinés à ravitailler l'aviation ennemie, sont, sinon dissimulés du moins cachés de la vue des passants dans les rues.

                 L'ensemble de la demeure du notaire, a été réquisitionnée, obligeant son épouse à vivre dans la maison dite des LAMOUREUX de l'autre côté de la nationale. Maître DESFERTILLES est lui-même prisonnier en Allemagne.

             Outre cette propriété, les Allemands ont réquisitionné la maison et l'hôtel de Monsieur COUTANT.

          La famille GRENET peut être considérée comme mieux lotie, car elle n'héberge qu'un seul officier à l'étage.

              L'ambiance peut être qualifiée, sinon de joyeuse, du moins bon enfant et détendue.

 

               Les deux adolescents de 14 ans sont au frais, chacun dans leur maison.

 

         Pendant ce temps, entre quatorze heure trente et quinze heures, à Tournoisis, les habitants sont dehors et saluent l'arrivée des premiers chars américains qui viennent par la route de Nids. La colonne marque une pause sur la place Saint Laurent et dans tout le village, permettant à l'abbé Georges PRUD'HOMME, curé de Tournoisis, de faire quelques photos pour fixer l’énement, avant d'aller célébrer les vêpres de l'Assomption.

 

          Vers quinze heures trente les véhicules américains reprennent leur route vers Orléans. Le bruit des moteurs et des chenilles, porté par le vent d'ouest, alerte les habitants de Renneville. Aussi sont-ils tous au bord de la route pour saluer les libérateurs. Il y a là les MORIN, les VELLARD, les JOUSSET, et les LELIBOUT dont le père a confectionné un drapeau tricolore en teignant tant bien que mal des morceaux de drap. Il provoque cependant l'inquiétude de Raymond JOUSSET qui n'est pas encore sûr que les chars qui arrivent sont bien américains. A cet instant tous entendent les cloches de l'église de Tournoisis appelant les fidèles aux vêpres de l’assomption.

         Le convoi militaire poursuit sa marche. Il est à l'approche du virage, au croisement de la route de Coulemelle : il sarrête là, et va stationner un long moment comme Madeleine BRETON le constate, en rentrant chez elle au Mesnil, au sortir des vêpres. En ce point haut de la route, les blindés sont visibles des faubourgs de Saint-ravy et notamment de la route du Nuisement. De plus le vent d'ouest porte le bruit des chars.

Les témoins des évènements du 15 août 1944 habitants de Saint Péravy la Colombe

 

         Vers dix huit heures trente, une jeep sanitaire alliée s'approche en éclaireur, à l'entrée du bourg. Près de l'ancienne boulangerie, Henri JULLIEN, charron de métier, chef des résistants de Saint-ravy, qui est de garde, réveille ses hommes et ensemble ils rejoignent les Américains.

Ceux ci souhaitent avoir des informations sur la présence des Allemands dans le village.

 

            Pendant ce temps les « mangeurs de prunes », comprenant que la situation des forces est en train de changer, s'enfuient vers le sud de manière désordonnée. Le groupe de résistants du Commandant TERREAU fera 14 prisonniers parmi ces fuyards sur les communes de Saint-Sigismond et de Gémigny, dans les heures qui suivirent.

 

            La jeep retourne alors vers le convoi et quatre ou cinq blindés américains se mettent en marche vers Orléans, passent devant le Château d'eau fraîchement construit, traversent Saint Péravy où la présence allemande ne se voit plus. Ils poursuivent leur marche jusqu'à la route de Coinces sur laquelle ils s'engagent, puis à Chesne tournent à droite vers Sennelay, pour s'approcher du camp de Bricy. Quelques heures plus tard ils détruiront trois batteries de DCA, comme nous le rapporte l’abbé GUILLAUME

 

Vers dix neuf heures trente, alors que trois véhicules blindés américains stationnent au carrefour sur la place de la Mairie, le jeune André BOISSONNET qui séjourne chez son père au Nuisement et qui a rejoint le groupe des Résistants de Saint-ravy quelques jours plus tôt, aperçoit sortant du bois dit des sapins, au sud est du village, une quarantaine de soldats allemands déployés en tirailleurs se dirigeant vers Saint -Péravy.

André BOISSONNET à 22ans

 

N’écoutant que son courage, malgré les recommandations de son père et de ses cousins, il fonce vers le village pour prévenir son chef. Il a vu les premiers chars américains aux abords du village et cela contribue largement à le mettre en joie. C’est alors qu’une rafale de mitrailleuse le fauche mortellement. Il est touché par cinq balles dans la poitrine et quatre au niveau des membres inférieurs, comme le constatera le docteur Pierre LEGRIS alors médecin à Patay.

André BOISSONNET né le 22 avril 1922

Une victime innocente, enthousiaste, trop heureuse de partager son bonheur. Son père, qui a déjà perdu son épouse, ne se remettra jamais de sa disparition. Il sera plus tard garde champêtre de la commune.

 

       A peu près au même moment, venant de Patay où ils ont terminé leurs livraisons de matériels sensibles, notamment des torpilles sous-marines, en gare de Patay, les serveurs du dépôt de munitions de Malmusse entrent dans Saint-ravy. Le convoi qui comporte un camion tractant une remorque et une quarantaine de soldats arrive dans le village. Les Allemands ouvrent le feu sur les blindés américains. La riposte est immédiate. Le conducteur du camion est tué sur le coup et son véhicule termine sa folle épopée dans la fenêtre de l'ancien café DUBOIS-PERRUCHET dont le bas de fenêtre conserve, encore aujourd'hui, les traces de ce choc.

 

Quelques impacts de balles issues de ce bref combat sont aujourd’hui encore visibles sur la façade. Le bilan de cette échauffourée se solde du côallemand par 8 morts, 13 blessés dont 2 décéderont dans la nuit et 13 prisonniers. D'autres passagers de ce convoi s'enfuirent dans toutes les directions. Certains se réfugièrent même dans les maisons, où les résistants les pourchassèrent, pour certains jusque sous les lits.

 

Cette journée du 15 août 1944 qui marqua la libération de Saint-ravy par les troupes américaines avec l'aide des résistants locaux, s'achèvera, comme souvent en août quand les après-midis sont trop chauds, par un très gros orage. L'électricité fut coupée par précaution. Les trombes d'eau contribuèrent à l'effacement des traces de l'affrontement.

            La moisson qui n'était cependant pas terminée, dut attendre quelques jours avant que les moissonneurs ne reprennent le ramassage des gerbes.

      En honorant aujourd'hui, André BOISSONNET, Saint-ravy veut aussi honorer ses résistants et leur chef Henri JULLIEN qui contribuèrent, à leur niveau, à la victoire des Alliés et à la libération de la France. Qu'ils en soient tous grandement remerciés.

      Le jeune André BOISSONNET, qui avait travaillé en Allemagne du 13 novembre 1942 au 13 août 1943, vraisemblablement dans le cadre du STO, avait troqué son identité pour celle d’Henri LECOURT né le 26 avril 1919 à Argentan dans l’Orne, alors qu’il était né le 20 avril 1922 à Fontainebleau (Seine-et -Marne).

Les Amis de l'American Liberty G I ont accompagné cette manifestation

J.B. VALLOT maire de Saint Péravy la Colombe et F. POINTEREAU

président de "Racines du Pays LoireBeauce"

La plaque commémorative dévoilée en présence  de Madame VOISE parente d'André BOISSONNET et de Joêlle JULLIEN petite fille d'Henri JULLIEN