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Tournoisis:la tornade du 7 septembre 1876

Auteur :  Créé le : 09/12/2019 18:53
Modifié le : 09/12/2019 18:57
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Au moment où le réchauffement climatique mobilise l'opinion, les archives nous rappellent que des phénomènes météorologiques "anormaux" se sont abattus sur notre Pays et y ont fait de très gros dégats.

Tournoisis

Le cyclone du 7 septembre 1876

Ci-dessous une description du passage du cyclone sur la commune de

Tournoisis, extrait du journal « L’Avenir du Loiret ».

 

Une trombe épouvantable, allant de l’ouest à l’est, a passé hier sur le

canton de Patay et y a causé d’affreux désastres. Le bourg de

Tournoisis est en partie détruit, celui de Coinces est en ruines. Vers 5

heures du soir, une première tempête s’était abattue sur Saint Péravy-

la-Colombe. Mais bien que le vent soufflait en tourbillon avec une

extrême violence, ce village en a été quitte pour une pluie torrentielle

accompagnée de grêle tombant avec une effroyable impétuosité. Peu

après, vers 5 heures et demie, apparut à l’ouest un nuage d’une

noirceur effrayante, dans lequel des éclairs blafards ou violets

traçaient à chaque instant de larges découpures. Le tonnerre grondait

sans discontinuer avec des éclats plus ou moins violents. Ce nuage

touchait presque la terre, et dans ses flancs retentissaient

mystérieusement des bruits sourds et continus, semblables aux

détonations répétées d’une artillerie lointaine. A deux lieues à la ronde

on entendait le ronflement formidable de cette nuée dévastatrice et on

ne pouvait, en la voyant s’avancer, se garantir d’un sentiment

invincible d’effroi. A 6 heures, elle disparaissait vers l’est mais, hélas !

Que de ruines lançait-elle sur son passage.

A Tournoisis, l’extrémité du bourg est partiellement détruite ; nombre

de maisons, notamment celle du maire, n’ont plus ni toiture ni

charpente. Quelques unes sont presque totalement démolies. La route

est obstruée de leurs décombres et les champs environnants sont

jonchés de débris de toutes sortes. La violence de la tempête était

telle qu’un tombereau roula seul, avec une rapidité étonnante, pendant

une assez longue distance, et ne s’arrêta que pour être renversé et

entraîné par les éléments déchaînés.

Il n’y a, malheureusement, pas à déplorer que des dégâts matériels. Il

y a aussi mort d’hommes. Le nommé Piqueret, journalier, se trouvait

sur le seuil d’une porte lorsque, soulevé par le vent, il fut emporté avec

une force extraordinaire contre un mur voisin ou tombait au même

moment une toiture enlevée. Le malheureux fut enseveli sous les

débris de cette toiture et littéralement broyé ; il n’était marié que

depuis deux ans à peine.

A Tournoisis, 50 bâtiments ont été atteints. Les uns sont presque

entièrement détruits, les autres n’ont plus de pignons, la plupart sont

sans charpentes ni couvertures. Sur le sol, ce ne sont que poutres

brisées, que chevrons rompus, que monceaux de tuiles et d’ardoises

broyées, que planches cassées, que morceaux de fer ou de zinc

tordus, que gerbes dispersées et semées.

Tout ce qui se trouvait sur le passage de la trombe était à l’instant

enveloppé et emporté ; des meules de blé et d’avoine, on ne retrouve

pas une gerbe intacte, on n’aperçoit de loin en loin que les liens qui les

retenaient. Des arbres énormes, des noyers séculaires ont été

arrachés et traînés sur une longueur extraordinaire. Des chariots et

des voitures ont été emportés à plusieurs kilomètres et brisés avec

leurs essieux. Les poulaillers des champs, les cabanes des bergers,

les claies des parcs ont totalement disparu et il est triste en ce moment

de voir une foule de cultivateurs rechercher dans la plaine les

planches qui les composaient et ramener leurs poules mortes.

Hors journal : un acte, dressé le 7 septembre 1876 à 7 h du soir par le

maire de Tournoisis (Marmasse), enregistre le décès de François Félix

Pascal Piqueret sans signaler l’événement météorologique. Le décès

a eu lieu à 6 h du soir au hameau du Portail. François Piqueret était

journalier, âgé de 32 ans et domicilié à Nids. Il était né de Charles

Piqueret et de Marie Blusson. Il avait épousé Eulalie Marie Léontine

Pointereau en 1874 avec laquelle il a eu un fils nommé Gustave

Raymond né en 1875. Eulalie se remariera à Orléans en 1880 avec

Pierre Bonnard.