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Auguste Le DENTU, Saint Péravy, Saint Sigismond, Nids, Huisseau

Auteur :  Créé le : 30/04/2013 16:03
Modifié le : 12/03/2017 10:01
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Les lignes qui suivent sont extraites du livre d'Auguste Le DENTU

chapitre V.

Elles sont reproduites ici avec l'aimable autorisation de Charles le DENTU

 

 

 

Saint Péravy la Colombe, Saint Sigismond, Nids,

Huisseau

 

 

 

 

Dès le lendemain de la bataille de Coulmiers, le quartier général du seizième corps s’était transporté à Saint-Péravy ; il n’était resté que fort peu de troupes autour de nous. Bientôt Epieds fut tout à fait évacué. Un jour que j’étais allé faire une tournée du côté de Saint-Péravy et de Saint-Sigismond, pour affaires concernant l’ambulance, je m’égarai au retour. La nuit me surprit. L’obscurité était telle que je ne distinguais même pas le sol. Je croyais suivre en sens inverse un chemin d’exploitation que j’avais pris en venant d’Epieds ; mais ayant rencontré un paysan, j’appris que j’allais dans la direction de Nids. Il me conseilla de poursuivre jusqu’au premier chemin vicinal, lequel devait me reconduire à Epieds. Je continuai ma route au milieu de ces profondes ténèbres ; la campagne me semblait déserte, tant l’horizon était borné et le silence absolu. A chaque pas, mon cheval enfonçait jusqu’aux genoux dans la terre détrempée ; chaque fois qu’il levait un pied, il se produisait une sorte de sifflement sonore qui ne cessait que lorsque son sabot s’était dégagé de la boue visqueuse. Chaque fois c’était pour lui un nouvel effort ; de temps en temps il s’arrêtait pour respirer.

Enfin, après plus d’une heure de cette marche aventureuse, j’atteignis un village ; c’était Nids. Je me dépêchai de tourner bride à gauche sur la route et de lancer ma monture au galop, ne sachant pas trop si de ce côté il ne pouvait pas se trouver quelques poste avancé de l’ennemi. Je n’arrivai à Epieds qu’à neuf heures passées ; on commençait à être inquiet sur mon compte. Le dîner et mon lit me parurent excellents après cette promenade nocturne un peu trop prolongée.

Ce même jour, j’avais vu à Saint-Péravy une voiture d’arracheur de dents, arrêtée sur la place. En tout autre temps je ne l’aurais même pas remarquée ; mais au milieu des canons et des caissons d’artillerie, cette voiture jaune aux inscriptions tapageuses, à laquelle il ne manquait pour l’instant qu’un Mengin, faisait l’effet le plus grotesque.

Il y avait une animation considérable sur la grand’route d’Orléans qui passe par Saint-Péravy. Une partie des troupes opérait un mouvement en arrière. La marche sur Paris commençait à passer à l’état de rêve ; c’était à n’y rien comprendre. Depuis le 9 novembre  on n’avait avancé que de quelques kilomètres, et il semblait qu’on prit encore une fois le parti de reculer, sans qu’aucun combat malheureux n’eût forcé nos troupes à la retraite. Ce jour-là, comme tant d’autres, j’assistai aux événements sans m’en rendre compte, et je me résignai à l’ignorance où me tenait le défaut de renseignements officiels. Je sus seulement que le quartier général de la deuxième division du seizième corps se portait à Rosières, près de Coulmiers.

Par le fait, Epieds se trouvait en avant des troupes ; une bataille pouvait nous surprendre entre les deux armées. Sur le conseil du général Barry, je m’arrangeai pour reculer aussi et aller m’établir à Huisseau-sur-Mauves (V. la carte n° IV). Une dizaine de blessés, qui malheureusement ne pouvaient guère échapper à la mort dans un délai plus ou moins court, furent confiés au médecin d’Epieds.

A Huisseau, nous trouvâmes place pour la nuit dans deux petites auberges ; on nous coucha sur quelques matelas. Le marquis de Bisemond, propriétaire d’un vaste château aux apparences quelque peu féodales, me prêta ses écuries pour les chevaux et sa cour pour les voitures.