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Le Château de Huisseau-sur-Mauves: Côté cour et côté jardin. Chapitre 3

Auteur : gaston  Créé le : 18/05/2023 09:37
Modifié le : 21/05/2023 08:11
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achève ci après la publication de l'histoire du Chateau de Huisseau sur Mauves racontée par Anne-Marie ROYER-PANTIN écrivaine spécialiste du patrimoine architectural du Loiret.

Côté cour et côté jardin

LE CHÂTELET D’ENTRÉE

Pour entrer au château, il faut, aujourd’hui comme il y a des siècles, franchir le porche de belle allure, placé là en avant-garde avec ses deux tours rondes coiffées de toits en poivrière et percées de petites meurtrières pour armes à feu légères. A la fois défensif et accueillant, il s’ouvre sur la place du village par une large porte charretière flanquée de deux arcades en plein cintre dont l’une abrite une porte piétonne et l’autre une plaque rappelant le passage de Jeanne d’Arc et de ses compagnons, volant de victoire en victoire en juin 1429. Une petite fenêtre Renaissance éclaire l’étage qui servait de poste de garde. Ce remarquable châtelet d’entrée, caractéristique de l’art militaire de la fin du XVe siècle et du début du XVIe siècle, est l’un des rares exemples d’édifice de ce type qui nous soit parvenu intact dans le Loiret.

L’AVANT-COUR

Une fois franchi le porche, s’ouvre une vaste avant-cour où s’ordonnent harmonieusement les dépendances : elle n’a plus le caractère féodal du châtelet et illustre un nouvel art de vivre seigneurial à la fin du XVe siècle, alliant les impératifs défensifs aux plaisirs de la vie à la campagne. En effet, profondément enraciné dans son environnement, au cœur du riche terroir de Petite Beauce, le château de Huisseau a toujours été le centre d’un important domaine agricole, comportant, depuis le Moyen Age, plusieurs fermes et métairies, des troupeaux, ainsi que des moulins sur les Mauves : le moulin du Ponceau, celui du Pater et celui de la Roche, qui appartenaient depuis des siècles au seigneur de Huisseau, et le moulin du Rondonneau, acquis par François de Cugnac au début du XVIIIe siècle. Quant au grand moulin de Clan à Meung-sur-Loire, il a été également propriété du seigneur de Huis- seau du Moyen Age jusqu’en 1750. Le long bâtiment agricole qui occupe tout l’ouest de la cour témoigne de cette très ancienne vocation agricole qui s’est pour- suivie jusqu’au XXe siècle : dans la partie basse, avec ses ouvertures caractéristiques en demi-lunes, se trouvait l’étable, tandis qu’au-dessus s’étendent d’immenses greniers destinés à stocker le fourrage, les récoltes et le produit des fermages.

Le côté nord de la cour est occupé par l’imposant bâtiment des écuries ouvert par une large porte à arc en plein cintre, surmonté par le logement des palefreniers. Les chevaux ont toujours occupé une place importante sur ce domaine de chasse se pratiquait traditionnellement la vénerie. Les écuries du château de Huisseau ont connu des heures de gloire, au début des années 1900, au temps du comte Henry de Robien, ancien officier de marine, hippologue passionné par l’amélioration de la race chevaline : spécialiste reconnu en matière de chevaux de trait et plus particulièrement de chevaux destinés à l’armée, auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la question, secrétaire général de la Société du cheval national de trait léger, il s’y consacrait à l’élevage de chevaux de trait de grande race, primés dans tous les concours. La remarquable sellerie, digne d’un haras, a malheureusement été pillée au cours de la Seconde Guerre mondiale lors de l’occupation du château par les allemands.

Enfin, comme pour tout important logis seigneurial, un colombier circulaire situé au nord-est de la cour mais disparu au XIXe siècle, complétait les communs. Au-delà s’étendent le potager et le verger.

A l’est de la cour, de l’autre côté de l’élégant parterre à la française ponctué de topiaires, s’élève la façade arrière du logis, sur laquelle s’appuie une longue galerie dont les arcatures en brique donnent accès, en sous-sol, aux parties les plus anciennes du château, remontant aux XIIe et XIIIe siècle.

 

LA COUR D’HONNEUR

En contournant cette façade par le nord, on découvre la cour d’honneur où se déploient majestueusement deux corps de logis en retour d’équerre, flanqués de trois grosses tours cylindriques coiffées de poivrières d’ardoise. Une quatrième tour, qui complétait le dispositif primitif, a été rasée et une terrasse ronde a été installée sur son assise. Sur les trois tours subsistantes, deux remontent pour leur gros-œuvre au XIIIe siècle et ont conservé quelques canonnières horizon- tales ménagées au XVIe siècle, tandis que la troisième, à laquelle on accède par un petit escalier, a été relevée après les guerres de Religion. On voit donc bien la configuration de l’ancien château-fort qui occupait les quatre côtés du terre-plein rectangulaire, entouré de douves franchies autrefois par deux ponts-levis. Au XVIIe siècle, pour transformer l’an- tique forteresse en une confortable demeure de plaisance, les deux côtés nord et est ont été abattus, et les ailes ouest et sud ont été agrandies et embellies d’une élégante façade classique.

A côté du perron XVIIIe qui conduit aux appartements, on remarque le très ancien puits qui avait été conservé lors des importantes modifications du XVIIe siècle.

 

LE PARC

Au pied de la demeure éclairée d’innombrables fenêtres, s’étend un immense tapis vert qui conduit le regard au loin vers la campagne. Une grille en fer forgée ouvre, par-delà les fossés, sur la longue perspective de ce boulingrin encadré de très beaux arbres qui se déroule jusqu’au saut-de-loup. Cet exceptionnel ouvrage en ferronnerie de la première moitié du XVIIIe siècle provient du chœur de la cathédrale de Meaux, où il faisait partie d’un ensemble de grilles réalisées pour ce sanctuaire par l’un des plus grands ferronniers d’art de l’époque, le moine Pierre Denis. Ces grilles ont été enlevées à la Révolution, et c’est sans doute à cette occasion qu’une l’une d’elles a été sauvée et installée dans le parc du château de Huisseau. Ce chef-d’œuvre orné de délicats motifs est surmonté d’un couronne- ment à volutes renfermant un médaillon aux armes des Bizemont (côté château) et des Cugnac-Dampierre (côté parc). Les armoiries des Cugnac-Dampierre se lisent Gironné d’argent et de gueules à huit pièces, et celles des Bizemont se lisent D’azur, au chevron d’or, accompagné en chef de deux croissants d’argent, et en pointe d’une molette d’éperon d’or.

Le parc paysager abrite quelques arbres remarquables : de majestueux platanes, un tilleul et des chênes plusieurs fois centenaires, un imposant séquoia, des cèdres, des hêtres pourpres, des pins, des ginkgos bilobas et des tulipiers de Virginie. Ces nobles essences, mêlées à des frênes, des charmes, des érables et des châtaigniers, font aux vieilles pierres un écrin de beaux ombrages et de nature préservée. Et c’est aussi un précieux patrimoine, qu’il faut savoir respecter, entretenir et transmettre…

Textes : Anne-Marie Royer-Pantin

LBE tient à remercier Catherine et Yann de Robien pour leur accueil et l'attention qu'ils ont manifesté à "Racines du Pays LoireBeauce"