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Le Château de Huisseau-sur-Mauves: Une histoire millénaire Chapitre 1er

Auteur : Admin  Créé le : 14/05/2023 16:14
Modifié le : 21/05/2023 08:09
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  publie ci après le premier chapitre de l'histoire du Château de Huisseau-sur-Mauves racontée par Anne Marie Royer-Pantin, écrivaine spécialiste du patrimoine architecturale du Loiret.

Le présent article sera suivi de deux autres complétant l'histoire de cette magnifique demeure.

EN REMONTANT LE TEMPS , UNE HISTOIRE MILLENAIRE

Ces vieilles pierres, patinées par les siècles et qui ont résisté à bien des batailles, racontent et perpétuent une longue, très longue histoire de famille, une captivante saga familiale qui croise et recroise à maintes reprises l’histoire de France. Aux mains d’une même lignée depuis le milieu du XIIe siècle, cette vénérable demeure est l’illustration d’une continuité remarquable, et d’un attachement sans faille à un patrimoine fidèlement transmis de génération en génération, depuis le Moyen Age jusqu’à aujourd’hui.

 

De la rudesse des temps féodaux à la douceur de vivre à la campagne sous l’Ancien Régime, ou aux heures sombres de la guerre de 1870 : toutes les époques y ont laissé leur empreinte, et l’histoire la grande et la petite s’y mêle aux souvenirs de famille.

DE TRÈS ANCIENNES ORIGINES

 

Nous savons, par des fouilles aux abords de l’ancienne église que dès le Haut Moyen Age un sanctuaire primitif avec son cimetière fut implanté là, sur des vestiges gallo-romains, en relation avec une toute première construction militaire à l’emplacement du château actuel, montant la garde sur l’antique voie d’Orléans à Vendôme.

la fin du Xe siècle, c’est Héloïse de Pithiviers, de la puissante famille des comtes de Blois, qui possède dans son douaire, la terre de Huisseau-sur-Mauves. Cette très grande dame de l’an Mil, l’une des figures marquantes du Moyen Age, bâtisseuse et châtelaine du célèbre donjon de Pithiviers, fait élever vers 1020 la collégiale Saint-Georges de Pithiviers, qu’elle dote des revenus de sa terre de Huisseau. Son fils Odalric, devenu évêque d’Orléans en 1022, hérite de ses biens, dont la sei- gneurie de Huisseau-sur-Mauves qui restera possession de l’évêché d’Orléans au XIe siècle, avant de passer, au milieu du XIIe siècle, aux mains d’une famille du pays chartrain, les Boyau. Dès lors, depuis Hélie Boyau seigneur de Huis- seau en 1160, le château n’a jamais été mis en vente, transmis sans interruption à ses descendants directs ou collatéraux, par héritage ou par alliance.

 

UNE FORTERESSE FÉODALE

 

Les Boyau entreprennent, en remplace- ment de l’ancien fortin, la construction d’un château-fort adapté aux nouvelles conceptions défensives, sur un terre- plein quadrangulaire entouré de douves maçonnées, flanqué de quatre grosses tours rondes percées d’archères. De cette construction de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècle, subsistent les parties basses des tours, ainsi que des salles voûtées en sous-sol (l’ancienne salle des gardes et l’ancienne cuisine qui a conservé sa cheminée d’époque). Les Boyau ont également réédifié l’église dédiée à saint Pierre, contigüe au château et qui faisait partie du système défensif de l’ensemble.

C’est cette puissante forteresse qui va traverser la guerre de Cent Ans et que Marie Boyau, en 1395, apporte en dot à Jean de la Ferté. Les sires de la Ferté ont combattu valeureusement tout au long de ce terrible conflit, toujours fidèles au roi de France et au duc d’Orléans : ainsi voit-on Jean et Pierre de la Ferté guerroyant aux côtés de Dunois et des com pagnons de Jeanne d’Arc. Cette dernière aurait d’ailleurs fait halte, au château de Huisseau le 18 juin 1429, quand, ayant chassé les anglais de Meung et de Beaugency, elle alla les vaincre à Patay.

ENTRE MOYEN AGE  ET RENAISSANCE

 

Après la guerre de Cent Ans, dans la 2e moitié du XVe siècle, le château-fort est agrandi d’une vaste avant-cour précédée d’un imposant châtelet d’entrée. Cet ouvrage de défense, protégeant l’entrée avec ses deux tours de flanquement, a aussi, à cette époque, une fonction symbolique, manifestant la puissance et le prestige du seigneur du lieu. A l’aube de la Renaissance, le seigneur de Huisseau, Louis de la Ferté, occupe en effet un rang important à la Cour, auprès du roi Charles VIII dont il est l’un des conseillers et, à partir de 1497, le maître d’hôtel. Après avoir épousé Louise de Coligny (sœur du maréchal Gaspard de Coligny), il entreprend en 1510-1512 d’embellir son logis seigneurial dans le goût de cette première Renaissance qui s’épanouit à la même époque sur les façades des châteaux d’Amboise et de Châteaudun.

 

Son fils, François de la Ferté, est également un grand seigneur, chevalier de l’Ordre de Saint-Michel, occupant une charge de très haut rang : il a été, sous Henri II, François II et Charles IX, capitaine de la 1ère compagnie des gardes du corps du Roi, veillant en permanence sur la personne du Roi. Sans enfant de son mariage avec Marie de l’Hôpital, il fait don de la seigneurie de Huisseau à une branche collatérale, les Cugnac-Dampierre : sa nièce, Jeanne d’Avy, fille et héritière d’Anne de la Ferté dame de Huisseau, avait en effet épousé François Ier de Cugnac, seigneur de Dampierre. Par cette donation la seigneurie de Huisseau dans sa totalité avec son beau château entre, au milieu du XVIe siècle, dans cette maison d’antique chevalerie, dont la filiation suivie remonte au XIIe siècle et qui possédait depuis le début du XVe siècle la terre de Dampierre-en-Burly.

L'histoire du château de Huisseau sur Mauves commencée par ce premier chapitre est suivie de deux autres, également mis en ligne sur ce site: Très belle découverte de cette magnifique demeure.