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Même les moutons et leurs bergers sont partis en exode de juin 1940

Auteur : Admin  Créé le : 14/03/2023 18:32
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Même les moutons et leurs bergers sont partis en exode de juin 1940

            L’histoire ci-après nous a été contée par une habitante de Pannes commune de Bazoches-les-Hautes dans l’Eure et Loir.

             Après l’envahissement de la Belgique et du nord de la France, un grand nombre de réfugiés a fui devant les troupes allemandes, communiquant leur désarroi et leur angoisse aux habitants qui les ont accueillis avant de les imiter.

            La décision de partir le samedi 15 juin 1940 est prise par deux chefs de famille qui feront route ensemble. La Traction-avant (Citroën) ayant été accidentée quelques jours avant, elle est inutilisable. On a aménagé une remorque avec une bâche à la manière des charriots du Far West, avec des bancs et au milieu un matelas où séjournait le chef de famille blessé au genou lors de l'accident de la Traction. Le convoi regroupe les deux familles, les domestiques et Colombe l’épouse du berger : près d’une vingtaine de personnes. Au terme de deux jours de voyage ils arrivent à Prénouvellon.

             A signaler que les charretiers et la quinzaine de chevaux que comptaient ces fermes à cette époque, attelés à des farinières, étaient partis eux aussi avec leur famille deux jours auparavant.

             Aristide CHAUSSIER, berger à la ferme de Pannes depuis plus de quinze ans, a la confiance de son patron et une nécessaire autonomie eu égard à la nature de sa mission. Il a pris la décision de partir lui-aussi avec son troupeau. Ne pouvant marcher au même rythme avec trois chiens et ses 400 moutons, au bout de deux jours de marche, il arrive en vue de Tournoisis (sans doute le lundi 17 juin au soir) où la moitié des habitants sont déjà partis.

             Les allemands sont déjà dans le village. Des officiers discutent avec le maréchal ferrant, François DUNEAU, qui ayant été fait prisonnier pendant la grande Guerre a gardé quelques bribes de langage germanique. C’est alors qu’un tirailleur algérien survient aux abords de la forge. Il tire sur les allemands ; qu’il manque. Il se précipitera vers l’église et sera malheureusement abattu d’une rafale de mitrailleuse. De religion musulmane, Chicouche Kaddour Sétif sera inhumé le jour même par Georges PRUHOMME curé de Tournoisis.

             Aristide a un handicap :il est sinon sourd du moins fort mal entendant. Aristide et ses moutons doivent certainement perturber l’installation des occupants. Que lui est-il arrivé ensuite le 17 au soir ou le 18 ? Peut-être n’a-t-il pas entendu des instructions ou des ordres ; tant est si bien qu’il est arrêté et enfermé dans l’église, laissant ses moutons sans berger. On ne sait pas combien de temps il y est resté ; deux ou trois jours. Monsieur le Curé étant là, on peut penser qu’il a contribué à son élargissement.

            L’envahisseur ayant rattrapé les déplacés et la zone étant occupée, l’exode perdait de sa justification. A sa sortie, Aristide rassemble ses bêtes et décide donc de rentrer à Pannes sans avoir notablement perdu de moutons. Est-ce les chiens ou les habitants de Tournoisis qui ont pris soin de ce troupeau provisoirement privé de son berger ? La question est posée.

            A ce stade de l’histoire, on peut s’interroger sur les raisons de cette incarcération ? Pourquoi l’église avait-elle été transformée en prison ? Y avait-il d’autres incarcérés ?

             Peut-être y avait-il des informations dans les archives du presbytère pour répondre à cette question ? Nous sommes preneurs de toute information susceptible d’éclairer cette énigme.