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Yves COPPENS, ce passeur de passion

Auteur : Admin  Créé le : 09/07/2022 10:45
Modifié le : 11/07/2022 14:43
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Yves Coppens nous a quitté voici quelques jours à l’âge de 87 ans.

Cet éminent paléontologue est connu du grand public par sa découverte de Lucy, cette jeune Australopithèque qui a vécu il y a un peu plus de 3 millions d’années dans la région qui correspond à l’Ethiopie aujourd’hui.

Après avoir commencé sa carrière au laboratoire de Paléontologie du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, il deviendra quelques années plus tard professeur du Museum et sera ensuite nommé Professeur au Collège de France.

 

Il aimait le contact avec les jeunes qu’il savait passionnés. Au cours de sa longue carrière d’enseignant-chercheur, il a formé nombre d’étudiants.

 

C’était un conférencier hors-pair. Il savait se mettre à la portée du public et appréciait particulièrement discuter avec les jeunes adolescents. A combien d’évènements de vulgarisation scientifique (livres, films, conférences, …) a-t-il participé ! Il osait et aimait vulgariser ses découvertes scientifiques. Pour lui transmettre était quelque chose de naturel, de noble.

 

C’était un véritable passeur de passion !

 

Il portait aussi un grand intérêt à l’archéologie. Dans sa Bretagne natale, il a commencé très jeune à participer à des fouilles archéologiques. Il a toujours gardé ce goût pour l’archéologie. C’est ainsi qu’il a immédiatement répondu favorablement à Marie-Christine et Philippe Marinval (rencontrés au Museum) pour préfacer l’ouvrage « Au fil d Temps en Beauce… Archéologie du Canton d’Outarville  » (prix Jacques Soyer du département du Loiret en 2003).

 

Il en avait fait en 2004 une chronique sur France Inter dans « Histoire d’Homme » avec Marie-Odile Monchicourt. Ci-dessous la retranscription de cette chronique qui met à l’honneur ce coin de Beauce.

 

 

Archéologie d'un petit canton de Beauce
 

<< Marie Christine Marinval et Philippe Marinval, viennent de publier aux Editions du Patrimoine Insolite, un joli petit livre de 125 pages, bien illustré et consacré à l’archéologie d’un canton de Beauce.
Si j’ai choisi ce modeste bilan pour une chronique c’est pour montrer qu’un très petit terroir, en l’occurrence ce canton d’Outarville, suffit à offrir suffisamment de restes identifiables, si on sait les interpréter, pour permettre d’y raconter toute l’histoire préhistorique, protohistorique et historique d’un coin de France et d’Europe.
De très élégants outils bifaciaux, ceux d’Aschères-le-Marché, par exemple, y trahissent d’abord les premiers peuplements vieux sans doute de quelques centaines de milliers d’années ; les hommes sont alors des pré-néandertaliens qui ne vont faire que se « néandertaliser » davantage en produisant ces outillages plus diversifiés, plus élaborés, qu’on appelle Moustérien, comme à Bazoches-les-Gallerandes, Tivernon ou Attray.
La steppe occupe alors toute la Beauce et les troupeaux de Mammouths, Rhinocéros laineux, Bisons, Rennes s’y promènent sans contrainte. Et puis Cro Magnon arrive avant que ces bêtes ne disparaissent et il les croque (dans tous les sens du terme), il les consomme et il les dessine.
Aschères-Le-Marché et Crottes-en-Pithiverais ont livré des objets de ces temps de chasse aux gros. La fin de la dernière glaciation voit pousser les forêts (c’est le Mésolithique d’Attray) que les premiers agriculteurs vont s’empresser de couper pour planter, à Jouy-en-Pithiverais par exemple. Ces pionniers de l’économie de production, vont alors élever les premières architectures monumentales à leurs divinités, la Pierre Clouée d’Andonville ou la dalle d’Autruy-sur-Juine en témoignent.
La découverte des métaux, l’or, le cuivre, l’étain, le fer, s’y fait dans le sens de la maîtrise de la température qu’il convient d’atteindre pour les travailler, Tivernon, Oison, illustrent le chalcolithique ou âge du cuivre, Autruy-sur-Juine, Aschères-Le-Marché, Bazoches-Les-Gallerandes, l’âge du bronze, Attray, Crottes-en-Pithiverais, Bazoches-les-Gallerandes, l’âge du fer et ses populations les Carnutes et les Sénons. Comme une tâche d’huile, les Romains se déploient, construisent partout des villas et des routes ; et voilà notre canton à la croisée des voies de Paris à Orléans et de Sens au Mans et de Sens à Chartres. La christianisation est bientôt là, aux portes d’Outarville, ainsi que les Mérovingiens.
Et ce n’était que l’histoire de 33 000 hectares 991, superbe exemple de l’importance, partout, de ce patrimoine enfoui que l’on ne considère pas plus que les microbes avant Pasteur parce qu’on ne le voit pas. Qu’on y réfléchisse.>>